2024
02.01

📌

#BRM200 (Feurs) – Entre Loire et Allier✅ – 16 mars 2024
#BRM300 (Feurs)✅ – 20 avril 2024

Cols Foreziens Challenge (Ambert)
La Collective 18/19/20 mai 2024

La Grande Traversée du Jura
Du premier au huit juin 2024

2024
05.01

The Air-Conditioned Nightmare

La matérialité du monde est une mélancolie désormais.

Elle est devenue métaphorique ou figurée : un selfie du réel, une story floue, un snap qui s’efface… Quand elle trouve encore une place, c’est pour revenir sous forme méticuleuse et simulée, à coups de modélisation 3D et de rendus hystériquement réalistes, comme s’il fallait rendre grâce ou hommage, sous une culpabilité discrète, à ce que nous avons soigneusement assassiné. Red Dead Redemption.

Ce qu’on voit circuler dans les avenues de San Francisco, et plus encore dans l’Amérique rurale, sont les derniers blocs de virilité qu’on avait cru réservée aux hommes alors qu’elle préfigurait plus subtilement, en nous offrant cette armature de métal pour exosquelette, une manière d’humain augmenté. Sans doute la voiture traduisait-elle déjà ce ressenti inconscient d’un corps trop peu habité pour s’affirmer sans son enveloppe carrossée, plus assez vif pour exprimer sa puissance sans cheval-moteur, sans piston démesuré, et qui retardait sans pouvoir le conscientiser sa déliquescence future. Cette pulsion est toujours présente, ce n’est pas vraiment fini ? Vous avez raison : c’est juste has been. L’ère de l’information a dissous nos bolides dans un trait de lumière.

Ce qui arrive après ne se conduit plus, ne se dompte plus. Pas plus ne se bricole ou répare – ce sain plaisir des mécaniciens du dimanche. Ne permet plus l’expression d’un style de pilotage qui signait un rapport au monde – agressif, coulant ou classieux – même si la boîte automatique américaine avait déjà en grande partie robotisé l’art de conduire. Ce qui arrive s’appelle la voiture autonome, the driverless car, et n’est qu’un bulbe autoguidé qui vous soumet à ses algorithmes. Avec pour seul horizon l’exact antipode de la liberté des seventies : une sécurité totalitaire et maladive face à laquelle nous sommes sans argument.

A partir du moment où la quantité de vies sauvées prime ontologiquement sur la qualité des vies qu’on mène (leur richesse, leur noblesse, leur joie ou leur intensité), alors toute discussion s’absout dans la computation statistique.

En arpentant San-Francisco, j’ai découvert ces voitures au design postmoderne, compactes et trapues, siglées Waymo, qui sillonnent sans discontinuer la ville.  On les repère partout, dans toutes les zones, tous les quartiers. Elles sont blanches comme l’innocence perdue de la liberté de les conduire. Elles exhibent leurs capteurs et leurs radars aux quatre angles du véhicule et une sorte de tourelle de tir sur le toit dont on se demande qui elle vise.

A l’intérieur, des humains à moitié vigiles, avachis derrière un volant qu’ils ne tiennent pas, roulent sans relâche pour alimenter l’immense golem de data qui rendra à terme ces voitures autonomes. Je devrais écrire : «  se font rouler sans relâche » puisque la « voie » moyenne, en grammaire comme sur la route, est notre nouveau passif…

Des millions d’heures de conduite humaine pour apprendre  à la machine et aux algos les bons réflexes. Puis des millions d’autres pour qu’elle s’entraîne elle-même sous le contrôle vaseux d’un zombie assis dans l’habitacle et censé parer à ses bugs. Comme si l’on tenait absolument à nourrir, jour après jour, milliards investis après milliards, notre futur servitude volontaire.

Sur son site, la société Waymo, spin-off de Google, nous vend une émancipation reconquise sur le temps de conduite. Un temps « libéré » qui sera aussitôt re-siphonné pour travailler dans ce nouveau bureau roulant. Ou qui sera vampirisé par un nouveau binge watching automobile,  un gavage d’écrans, là où notre temps de cerveau disponible pouvait trouver dans la conduite quelque instant d’hiatus, quelques temps mort précieux au feu rouge où faire monter en soi la présence de nos enfants ou tout simplement un souvenir oublié, une promesse, une idée qui s’éveille. C’était la beauté paradoxale de ces pratiques : l’ennui au volant suscitait des poussées inconscientes de désir, et parfois même l’envie de réfléchir pour ne plus subir le vide.

La voiture autonome est une industrie sans idée.

Elle ne fait que marchandiser et monétiser une pratique ordinaire qu’on opérait jusqu’ici par nous-mêmes, avec nos propres capacités cognitives et gestuelles, notre finesse et nos agilités.

L’innovation dans le capitalisme consiste 95 fois sur 100 à décalquer dans tous les champs d’activité possibles une poussée anthropologique de fond : passer de la puissance au pouvoir. Autrement dit : de la capacité humaine à faire, directement et sans interface, avec ses seules facultés cérébrales, physiologiques et créatives, à la possibilité de faire faire, qui est la définition primaire du pouvoir. Faire faire à l’appli, au Smartphone, aux algos, aux IA, aux robots… Comme on fait faire aux femmes, aux Arabes, aux esclaves, aux petites mains, aux sans-papiers sur leur vélo, ou tout bonnement à ses subordonnés hiérarchiques, ce qu’on ne veut pas condescendre à faire : ici se tient le pouvoir.

Faire faire nous l’avons consenti pour notre aptitude à mémoriser (avec les moteurs de recherche), à nous orienter (avec le GPS), à improviser (qu’on appauvrit à coups de réservations et d’applis de planning), à rencontrer quelqu’un (qu’on délègue aux algorithmes), à apprendre une langue ou à établir notre propre programme de sport – j’arrête ici une liste diluvienne qui arroserait quasiment tout le spectre de l’activité autrefois humaine – bref nous l’avons fait pour à peu près tout ce qui relevait encore, quelques décennies auparavant, de nos puissances personnelles.

Nous allons donc sous-traiter, déléguer et externaliser aux intelligences artificielles notre faculté de conduire un véhicule… Soit !

On voit bien ce qu’on y gagne : une énième paresse. Un soulagement, un lâcher-prise. Une douce démission. Plus besoin de vigilance, d’attention minimale, de construction mentale d’un trajet, plus besoin même de regarder la route, de se représenter la ville, d’aviser les gens sur les trottoirs, d’appuyer sur une pédale ou de tourner le volant. La voiture autonome le fait à ta place et toi tu vas jouer sur ton téléphone au jeu de la  Pastèque.

Alain Damasio – Vallée du silicium

2024
04.20

#BRM300-Feurs


Résumé

Pique-nique dans un parc à Vichy, qui marque le premier tiers de ce nouveau parcours. Et me rappellent de nombreux et très bons souvenirs !!!

Et voici le brevet que tout le monde attendait. Le BRM300 de Feurs, dans une version remasterisé par le maître des cartes. Car après plusieurs années à répéter un parcours sans fausses notes (normal, il a été mis au point par Daniel, l’autre maître des cartes qui nous fit honneur de sa présence à l’arrivée), la Présidence et le bureau ont voulu cette année proposer quelque chose de nouveau, quelque part entre l’Allier et la Saône-et-Loire.

Bien leur en a pris ! L’édition attira malgré une météo ventée et froide près de 50 participants venant pour certain tout de même d’assez loin : de l’Allier (Saint Pourçain sur Sioule, Contigny), de l’Isère ( Gillonay, St Egrève, Saint Martin d’Hères, Saint Hilaire la Côte), du Puy de Dôme (Riom, Le Brugeron, Clermont Ferrand), de la Haute Savoie (Chevrier), de l’Hérault (Castelneau le Lez), du Vaucluse (Piolenc), et quand même une majorité de la Loire et du Rhône. Bref, quand à rouler long, autant le faire en circuit court  !!!

Parmi tout ces participants, l’équipe Squadra qui n’a pas déméritée en alignant 15 de ses membres dont tous iront au bout. Vu les conditions, c’est déjà un exploit. Mais un petit exploit comparée à ce que vient de réaliser Marie, la Benjamine de l’équipe. 16 ans et demi, une courte expérience cycliste et déjà une très grande du vélo. Car elle ira au bout Marie, malgré son passage à vide à mi-parcours qui conduisit à la scission du groupe. Et si les plus forts s’échappèrent, c’est bien cette équipe soudée autour d’elle qu’il faut saluer ici. Car si Marie a pour elle le mental et le talent, elle a pu aussi bénéficier du soutient et du travail d’un groupe dont la solidarité a eu raison d’un final pourtant ardu. Car croyez-le, grimper les Echarmeaux, Saint Symphorien-de-Lay ou encore Neulise après plus de 200km d’efforts ne s’improvise pas. Il faut se connaître et en vouloir. Marie aujourd’hui a été l’élément central de cette cohésion. Celle qui par sa présence et sa motivation à quelque part su fédérer un groupe pour pouvoir aller au bout. Ce soir Marie peut être fière de ce quelle a accomplie. Ses compagnes et compagnons de route aussi. Vous resterez les cadors de cette édition. Et avez toutes nos félicitations.

Marie, 16 ans et demi qui fait mentir l’addage disant que la longue distance n’est pas pour les jeunes. Elle elle est très jeune. Et elle elle l’a fait 💪👧!

Marie, dont la présence était imprévue, a surpris son monde. Hippolyte d’un an son aîné a confirmé. Animé par la fougue de son jeune âge et cette irrésistible propension à penser et montrer que rien à cet instant ne pouvait lui résister. Etre insouciant. Ne pas douter.  Cela me plaît ! Car si cette manière de voir vous fait parfois prendre le mur, c’est aussi une force qui lorsque le destin veut bien sourire est capable de vous faire déplacer les montagnes. Alors mon Hippo. Continu à t’entrainer et à aimer ce que tu fais comme tu le fais. Continu à t’amuser et à grimper pas-à-pas les marches sans avoir peur. Peut-être que ce chemin sera un jour pavé d’embûches (Roubaix), peut-être qu’un jour sans te feras quand même un peu douter mais ce qui est davantage certain, c’est que tu vas faire des trucs qui vont te faire vraiment triper. Tu as le potentiel et l’état d’esprit. Et cela me plaît.

Hippolyte, 18 ans un peu fou fou et qui à cinquante à l’heure en fin de parcours enfonce le clou. Il il est très jeune ! Et il il l’a fait avec une marge suffisante pour pouvoir envisager très grand 😉

Voilà. Le vent soufflait. Il faisait particulièrement frais. Les jambes n’étaient pas aussi flamboyantes que les années précédentes mais l’essentiel était présent. L’esprit, le défi. La nouveauté du parcours et surtout le plaisir à chaque édition de retrouver une communauté simple et solide. Nicolas, Marie-Claude, Philou, Régis et tous les autres. Jean-François, Marie-Noël et tous les nouveaux reçus sur la distance. Les 3 roues fixes que je ne connais pas mais qui me laisse néanmoins rêveur. Caro, Danielle, Mimi, et toutes les personnes venues prêter mains fortes aux inscriptions (et 6heures c’est tôt ! ) et donner un peu de réconfort à l’arrivée.

Les brevets sont déments. Ils illustrent à eux seuls.
Qu’ensemble, on va vraiment plus loin !

 

Mention spéciale est faite aujourd’hui à Christian qui fête son 76ième anniversaire sur ce brevet qu’il affectionne tant ! Christian, je te souhaite un joyeux et bel anniversaire. Et beaucoup de belles journées vélo à raconter 🎂 !


Fiche

Descriptif :

GPX : #BRM300-Feurs
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Départ : Feurs (42110)
Difficulté : Moyenne
Distance : 302km / D+ : 3045m
Durée : 14 heures 45
Sport : Cyclisme Route
Homologation : n°_

2024
04.13

#BRM200 Le-Puy-en-Velay 🛶


Résumé

Boris Stroujko

La manivelle buissonnière est un concept cyclotouriste né et développé autour de cette riche idée que nous nous faisons du vélo. Celle qui consiste à parcourir en petits groupes des itinéraires qui nous font longer de belles rivières sauvages et découvrir l’étale des châteaux et des jolis bourgs qui font l’attrait de nos belles régions intérieures. Et c’est Rémi qui en est l’instigateur.

Apprendre. Apprendre pour cela à rouler ensemble, à une allure efficace mais que chacun peut suivre sans difficultés. Nicolas, Fred, Eric, Jean-François, des compagnons de routes appréciés à qui il faudra bien ajouter Jérémy et Damien tout deux originaires de la Loire et qui feront long chemin avec nous. Qui sait ? Peut-être les verrons-nous un jour à Feurs pour nos propres brevets et qui sait ? Qui sait ? A eux qui viennent ici faire un brevet sans en être des habitués, peut-être les retrouverons-nous plus tard, en 2027, pour le très grand Paris-Brest…

Quoiqu’il en soit, ce fut une belle journée dont nous ramènerons quelques couleurs la faute à une température des plus estivale (30°C à la mi avril, c’est ouf !) et sans aucuns couacs si ce n’est peut-être l’excès de zèle qui s’empara de nous peu après la pause déjeuner. Un surrégime assez court mais qui nous fit envisager Allègre de manière moins optimiste qu’auparavant. Un rappel néanmoins utile à une semaine du 300 kilomètres de Feurs (d’ailleurs, pensez à vous inscrire 😉 ! ).

“Ces deux cent premiers kilomètres, je les ai vécu en état de clandestinité, à la faveur d’une  manivelle que je qualifierais de buissonnière, obnubilé par la visite de ce gymnase démesuré qui nous a si généreusement été confié…”


Parcours

En sens inverse, cette fois-ci….

Descriptif :

GPX : #BRM200, le Puy-en-Velay
Pays : France
Région : Auvergne
Dépt : Haute-Loire
Départ : Le Puy-en-Velay (43000)
Difficulté : Moyenne
Distance : 203 km / D+ :  2300m
Durée : 7 heures 45
Sport : Cyclisme Route

 

2024
04.06

The 90 Year Old Cyclist

2024
04.01

Pâques en Provence 2024

Concentration pascale, avril 2024. Ici la Squadra, devant les portes du Belambra de l’Isle-sur-la-Sorgue. Un weekend mi-figues-mi-raisins coté météo mais qui a tout de même été l’occasion de visiter certains coins sympa de cette belle région. De pointer aussi, à Pernes-les-Fontaines, pour le centenaire des concentrations pascale et des flèches Vélocio.

La Provence tient une place à part dans son cœur, et plus particulièrement la petite bourgade de Saint-Pierre, perchée à quelques kilomètres de Martigues, sur les rivages de la Méditerranée. Paul a perdu sa mère très tôt et son père n’a guère le temps de s’occuper de son éducation. Il l’envoie à l’âge de dix ans auprès d’un oncle, l’abbé Valet, curé du village, pour fortifier ses poumons délicats et parfaire sa culture latine. Né à Pernes-les-Fontaines dans le Vaucluse, c’est pourtant à Saint-Pierre qu’il situe le véritable lieu de sa naissance, sa « deuxième naissance », comme il le dit joliment.

Le jeune orphelin garde un souvenir éblouissant du « pays du soleil et de la lumière ». Face à la mer, il gonfle ses poumons de l’air parfumé de la garrigue, escalade les rochers les cheveux au vent et se satisfait de joies simples. Le petit Paul ne tarde pas à recouvrer la santé grâce au bon air marin.

Ce Midi méditerranéen, le pays de Mireille chanté par Frédéric Mistral, dont il parle avec tant d’ardeur, est la destination d’innombrables randonnées à vélo. Année après année, ce fils de la Provence parcourt la région dans tous les sens : le Comtat Venaissin, le Luberon, la Sainte-Beaume, l’arrière-pays niçois ou les Alpilles qui seront le lieu de ses derniers week-ends pascals. Sans doute y a-t-il croisé Paul Cézanne, son chevalet à la main, sur les chemins lumineux de la montagne Sainte-Victoire.

Paul décrit son amour de la Provence avec talent, il y est viscéralement attaché et brûle de la revoir. Son cœur s’emballe à chaque fois qu’il quitte la « ville noire » pour la retrouver, comme dans ce passage extrait du récit d’une excursion réalisée à la Pentecôte 1928 : «  Les 18 kilomètres qui séparent Montélimar de la Trappe d’Aiguebelle m’ont paru plus intéressants que lors de ma première visite en novembre dernier. Le Printemps et le soleil en sont sans doute la cause. J’admire l’exubérance de la végétation, l’or éclatant, rutilant, flamboyant des genêts, qui sont ici de véritables arbustes ; je m’enivre du parfum pénétrant qui sort des bois, qui s’élève de la garrigue, que le soleil tout puissant fait jaillir même des cailloux. C’est toute la Provence, ma belle Provence qui est venue là au-devant de moi, et, comme si elle savait que je ne descendrais pas cette fois plus bas vers elle, elle est montée vers moi. Mon compagnon s’est arrêté un moment à Montélimar, et je suis seul à écouter la voix de mon pays natal qui me souhaite la bienvenue. »

Extrait « Le Vélosophe, Paul de Vivie, dit Vélocio (1853-1930) », Charles de Vivie