MeDiaN@Tour

Jour 1 : Belfort / Nanncy ….. Jour 2 : Nancy / Dijon … Jour 3 : Dijon / Chevrières …. Jour 4 : Chevrières / la Boutonne (Villars) avec Papa…..

De retour d’un voyage à vélo en l’honneur de mon grand-père, qui nous a quitté le 14 juillet dernier. Je me rappel de toi lorsque nous vous recevions à la maison toi et mamie et que nous confrontions ma vie insouciante d’étudiant Strasbourgeois à tes souvenirs militaires Nancéien … J’étais chaque fois un peu plus surpris des milles et unes annecdotes dont ta mémoire fourmillait…. Tu auras toujours su raconté, tu auras toujours su écouter, tu as toujours su rassurer….

La fourragère du régiment dans lequel tu fis ton service militaire….

Nancy sera donc mon point de départ, la liaison depuis Belfort n’étant qu’un amuse-bouche imposé par le manque de souplesse d’une SNCF qui a manquée le train de notre époque : celle de la mobilité à outrance et de l’instantanéité éphémère. Que de bons souvenirs ressurgissent pourtant dans cette douce montée du Ballon d’Alsace, noyée sous l’odeur âcre des résineux, puis, la fatigue aidant, par cette plénitude que provoque inévitablement l’eau calme du canal….Impression faussée de pouvoir figer le temps….

Ici commence donc le voyage, formé d’une succession de routes indéchiffrables se fondant dans l’immensité d’un paysage vallonné. Chaque croisement comme un choix, celui de biffurquer, de s’égarer, de renoncer ou bien de choisir d’affronter, de face et sans faiblir, les évènements parfois difficiles de l’existence…. Ce voyage étant avant tout le tiens, je m’applique à filer droit, comme tu l’as enseigner à tes huit enfants et malgré une dur vie marquée par le travail de la terre…. Je laisse mon esprit vagabonder, entre deux surprises de la nature que tu aimais tant observer…Ceuillant ici quelques mirabelles éclatantes sous le Soleil, carressant là le museau d’une vache un peu trop curieuse…. Inspirant à plein poumon ce vent qui seul sait lier l’ici et l’au-delà.

Dijon et son patrimoine d’exception…Deux jours seulement viennent de s’écouler je me retrouve pourtant déjà à l’aube du crépuscule de ta vie ….. Les belles années passent vite, en particulier lorsque votre profession ne vous accorde que peu de jours chômés…. Voici venu le temps des voyages et du profit. Couvertures dorées, vignes et coteaux millésimés, la retraite se veut belle et ensoleillée. Ta forte constitution a, semble-t-il, fait un pied de nez au temps, et c’est en pilier que tu rassemble en chaque occasion ta famille autour de toi… Combien de fois, combien de ban chanté et de verres levés en l’honneur de notre grande famille ? Pour les Noëls, pour les mariages, pour les naissances, pour le pique-nic…. Combien de bons moment ?

Puisses-tu vivre, continuer,
Puisses-tu aimer, continuer,
Puisses-tu puiser, un peu d’eau,
Dans le puit, de tes nuits

Puisses-tu sourire, et même rire
Quand le pire est à venir,
Puisses-tu aimer, sans sourciller,
Simplement continuer…

Les gorges de la Loire, Mamie vient soudainement de nous quitter, elle tellement forte que nous avions fini par oublier combien la vie est fragile. Avec le recul, c’est tout un morceau de toi qui avec elle s’en est allé. Ta vie semble désormais canalisée comme peut l’êtrre la Loire par le relief qui l’entoure…. Remontant le cours de mon histoire, les souvenirs s’entrechoquent comme le font les pointillés séparant deux voies pourtant opposées….

Avec papa, au matin de la dernière étape. Une étape bien riche en émotions…

Mes pensées vont maintenant à mon père que je rêve plus que tout d’entrainer avec moi. Pour vivre avec lui les derniers mois, les premiers et tous les autres de l’histoire de mon Grand-Père. Deux personnes parmis toutes celles qui comptent vraiment. Deux personnes grâce auxquelles j’existe….

La Boutonne, la ferme de mon Grand-Père, et aujourd’hui celle de mon Parrain…..

« A mon grand-père, plus que jamais parmi nous…. »

Papi du lait, Papi des haricots, Papi de Villars, Papi Marcel, Papi,

On est tous là, petits et grands pour t’accompagner, et partager avec tous ceux qui t’ont aimé des souvenirs, des anecdotes, des images qui nous ont marqués.

On se souvient des nombreux moments passés à la Boutonne, tu nous baladais sur le tracteur ou dans la brouette.

On t’accompagnait, toi et tes chiens fidèles, rentrer les vaches que tu  connaissais toutes par leur prénom.

Elles obéissaient toutes à ton « tech tech », ça nous impressionnait!

Assis sur le plot, on te regardait les traire.

Toujours une idée pour nous occuper, pêcher les têtards dans le bâchât, ramasser les haricots dans le jardin, aller voir les lapins.
Tu nous les mettais dans les bras, et le lendemain midi quand on les retrouvait dans nos assiettes, tu nous disais qu’ils étaient malades pour ne pas nous faire de la peine.

On te revoit sortir ton opinel pour le casse-croûte du matin après la traite, boire le café froid directement à la cafetière, nous initier au canard dans celui-ci, rouler avec ta clio 4×4 pleine de paille à travers les champs… jamais sans tes indispensables : béret, lunettes, montre et mouchoir.

Dans les moments de détente ou d’échange, l’image de toi te tournant les pouces nous a marquée, comme les bonbons que tu partageais, les flans aux œufs que tu confectionnais, les émissions et feuilletons que tu appréciais.

Travailleur, courageux, robuste et sage, voilà des valeurs que tu représentes.

A l’écoute des autres, tu savais demander des nouvelles de chacun, et les partager.

Toujours le bon mot, jamais de longs discours mais de belles paroles réconfortantes…
la simplicité.

Chaque occasion est une joie de se réunir en famille, Mamie et toi y tenaient, et nous aussi.

Ces airs que tu nous chantonnais à la fin des repas vont nous manquer…

Comme le souhait que tu as eu l’année dernière lors de notre traditionnel pique nique, tu as su nous rassembler pour faire une photo.

Cette photo que tu as été si fier de montrer en disant : « on est plus d’50! »

Une belle et grande famille qui ne cesse de s’agrandir, votre plus belle fierté dont vous êtes les piliers.

Sois sûr que tout ce que Mamie et toi avez transmis, est en nous, et on vous en remercie.

Au revoir Papi, on t’embrasse tous très fort,
et emmènes avec toi pleins de bisous pour Mamie.

Philippe, Céline, Nathalie, Emilie, Julien, Damien, Cédric, Anthony, Rachel, Audrey, Charles, Natacha, Samuel, Clarence, Chloé, Romain, Laurine et Lucas Noé, Mael, Mélie, Roméo, Lola, Théophile, Faustine, Eloise, Aina, Elio, Emma et Raphael

Air Rossignol de Luis Mariano

Texte lu et écrit par tes petits enfants.