2019
06.23

La Fabuleuse Histoire du Tour des Brasseries de la Loire…Première édition…


Résumé

PREAMBULE, point de rencontre, la Farlodoise (Le Maltage)

22 juin 2019, nous y sommes enfin… Dire que cette première édition du Beerpacking organisé par l’atelier du vélo était attendu serait un euphémisme…Je l’attendais, Laurent l’attendait et Florent, que ne connaissais pas encore l’attendait surement lui aussi…. Car l’idée proposée par Guillaume est bonne, très bonne même et on pourrait se demander pourquoi personne n’y avait pensé plus tôt…. Parcourir la Loire à vélo, à la recherche des brasseries disséminées sur le territoire, et ramener, de chaque étape, un souvenir à partager…Une belle idée vous dis-je….

7h, nous sommes toujours le 22 juin et je viens d’effectuer la liaison entre Chevrières et Chazelles-sur-Lyon, mais cette fois au guidon d’un gros camion…. Car si l’idée est bonne, le défi logistique qu’il représente l’est tout autant…Ramener 15bierres, des 33cl pour la plupart ne s’improvise pas….Et il faudra, pour tous les participants, user d’astuces pour ramener, sans les briser, ces fioles si convoités…..L’option remorque a pour ma part été écartée, car connaissant Guillaume, de l’agilité ce parcours nécessitera…J’opte finalement pour les sacoches, avec casiers de séparation intégrés…

7h15, et déjà en retard…Ce qui avec le recul n’a rien de surprenant…C’est en effet la Farlodoise, première brasserie du parcours et brasseur ami de l’organisateur qui nous accueil…Pas moins de 80 inscrits tout parcours confondu se sont donnés rendez-vous, des jeunes, des moins jeunes, des perfectionnistes, et aussi pas mal va comme que je te poussionnistes, des pédaleurs, et des buveurs…Nous ne sommes que 7 inscrits sur le 400km, parmi lesquels 3 déclareront forfait avant même de commencer….Le parcours fait peur, mais quand même…

7h20, toujours et encore la Farlodoise….là le lecteur se dit surement qu’il a affaire à un pilier de comptoir qui préfère probablement son tabouret à trois pied surélevé à la selle de son vélo….Ce quoi je réponds faux, je préfère bien certainement la compagnie du vent à l’air acre et embrumé d’une c(t)averne…Mais je n’ai en revanche rien contre lorsqu’il s’agit des points de ravitaillement liquide disposés sur le parcours….. Et tout ce blabla faisant… Christian nous a rejoints….

« Parce que 430 kilomètres c’est long, au lecteur insistant je souhaite bon courage… »

Ingrédients pour 100 litres…
– Eau : 170 litres ;
– Orge : 20 kilos ;
– Houblon : 400 grammes ;
– Levures : 30 grammes…

 

PART I, Décapsulage des premières bières côté du Pilat (Le Brassage)

C’est dont à 4 que nous prenons la route, encouragés comme il se doit par Guillaume, l’équipe des Farladois et quelques protagonistes de cette nouvelle aventure…. Christian et moi devant, Laurent et son pote d’enfance Florent derrière nous, les duos de ces premiers tours de roues se forment en rapport avec le temps passés à rouler ensemble….Nous discutons dans la première cote qui de Pont Français mène à Grammond, Grammond, petit village perché où nous devrions dégotter la première brasserie du parcours, la dénommée Alt 767…..Cette brasserie n’est pas dans le village, ce serait trop simple….Non celle-ci se trouve en contrebas, dans une vielle ferme construite à l’extrême d’un chemin se terminant en cul-de-sac….Un endroit que nous aurions douté de trouver ici sans les deux aimables personnes venues à notre rencontre à l’embranchement du chemin…Un petit bar aménagé dans une petite cour intérieur, quelques fût disposés sous les préaux qui jadis devaient servir à abriter le matériel agricole….Notre hôte nous offre sa tournée, une brune ambrée aussi surprenante que l’est sont lieu de production….Santé Christian, santé Laurent et santé Florent….Cette journée commence définitivement de la plus belle des manière et c’est le sourire aux lèvres que nous quittons et remercions notre hôte….tandis qu’arrive l’un des participants aux 400, William, un physique de déménageur et un Surly aussi large d’épaules que son propriétaires…. Salut William, on te laisse nous rattraper hein 😉…

Nous quittons le premier checkpoint, une bière bien calée dans les sacoches, et une autre au creux de l’estomac…. Le vélo paraît déjà bien lourd, ou bien est-ce la pente qui est bien raide ? Fontanès, la brume est là mais nous ne nous formalisons pas…Le beau temps devrait arrivés dès la fin de la matinée…Saint Christo-en-Jarez, tiens mais c’est Claude qui va là…Je fais signe à mes compagnons de m’attendre quelques minutes le temps que je passe le bonjour à cet ancien collègue de boulot…Le temps pour William d’effectuer la jonction…Et c’est donc à cinq que nous repartirons…Le groupe s’étoffe…. Petite incompréhension aux alentours de Cellieu, que nous ne traverserons pas…Guillaume a apparemment bien travailler les parcours et nous offre quelques raccourcis…Demi-tour, direction Chagnon, puis, Rive-de-Gier…où nous attends impatiemment un bon coup de Trafalgar …Doit pas être loin de 18% celui-là, un mur qui pique les jambes et délie les langues…Le groupe s’anime, l’aventure est lancée…. Nous longeons le parc et le centre équestre avant de redescendre sur le barrage de Couzon…De là nous grimperons le Pavezin et puis ce sera la bascule vers l’autre côté du Pilat…Christian qui n’avait pas prévu de rouler longtemps aujourd’hui nous laissera au sommet du col, pour rentrer par la Terrasse et Saint Paul…Un beau parcours, mais sûr qu’il aurait aimé nous accompagner plus longtemps…. L’an prochain Christian, pour la deuxième édition du Tour des Brasseries de la Loire ! Merci de nous avoir accompagner, et de m’avoir entrainé cette année. 😉 Les Brevets vont bien me servir ici !!!

C’est donc à 4 que nous glissons dans la descente, Pélussin où nous nous offrons une petite collation histoire d’attendre la pause déjeuner qui est prévu à Bourg-Argental…Le soleil s’est maintenant levé, et il commencerait même presque à faire chaud…Le parcours soigneusement tracé évite les grands axes pour se concentrer sur les petites routes touristiques du département…Dommage que les affolés du klaxon n’est pas eu la bonne idée de faire l’inverse….

Saint Julien-Molin-Molette, nous arrivons à la Brasserie du Pilat, l’une des plus anciennes dont l’une des particularités est aussi de proposer des boissons biologiques…Une petite déception puisque les gérants ne nous ont laissés que des sous-bock avec un petit mot griffonné au stylo….  « Bon courage » …Non pas tant que nous aurions appréciés la goutter, mais quelques mots échangés avec les patrons et peut être aussi une petite photo avec eux nous aurait fait grand plaisir…Mais ne nous avouons pas vaincus, Saint Julien-Molin-Molette n’est pas loin, quelqu’un a surement déjà entendu parler de cette bière du Pilat… William, premier la trouvé, dans une pizzeria, où les pâtes épaisses lèvent au doux son d’un feu de bois…Mon choix ne fût pas bien difficile, ce sera une Veuve Noire pour moi ou pas….Je jette ce deuxième tampon dans la sacoche opposée histoire d’homogénéiser le chargement… Cling !!!

Il est midi passé lorsque nous arrivons à Bourg-Argental, l’heure est venue de manger … Ce sera sandwich en terrasse, tandis qu’autour de nous vrombissent …les mobylettes … Est-ce que ce monde est sérieux, franchement…

Mais ne nous éternisons pas, le parcours est long encore et il nous faut avancer…William se détache dans les premiers hectomètres de Saint Sauveur-en-Rue tandis que nous discutons avec Florent du sport et de ses excès… Une vérité veut que tout abus se paie cash…Et nous allons une fois de plus le vérifier…. Saint Sauveur, nous quittons la route du Tracol pour prendre celle du Grand Bois…Une belle montée que j’ai chaque fois beaucoup de plaisir à monter…. C’est cette fois au tour de Laurent de s’envoler…Des ailes qu’il aura le Lolo ce weekend …. William paie ici son envolée fantastique tandis que je gère la montée, tout comme Flo…La route sera longue, et chaque calorie d’économisée est une petite victoire…. Nous nous regrouperons en haut… dans tous les cas…

Saint Genest-Malifaux, 3°brasserie, celle de la Semène…Je retrouve Nicolas qui en voisin est venu m’apporter un peu de soutien… Petit galopin de bières tropicales… J’aborde il faut le dire assez maladroitement la question des arômes… La gérante de la brasserie se montre un tantinet pincée… Pourtant elle semble sympa… Alors je sors les rames… tandis que Nicolas finalise sa commande… Le groupe est pressé de partir, et nous nous discutons Paris-Brest et Chaudefonds…C’est qu’il a de quoi faire concurrence au TBL cette année !  Allez, on repart, salut Nicolas, et merci à nos Brasseurs d’avoir ouvert en ce samedi tout exprès pour nous…Hein la brasserie du Pilat, faudra vous réveiller l’an prochain ! Nous allons prendre la descente qui, à la sortie de Saint Genest-Malifaux, redescend sur la Ricamarie…Un petit clin d’œil de Guillaume… Probablement !

 

Saint Etienne, la brasserie Stéphanoise se cache dans l’arrière cours d’un entrepôts quasi industriel …Heureusement, nous avons l’œil….Des jeunes nous accueils, à l’intérieur, des bières bien sûr, de la brasserie bien sûr mais aussi de façon plus surprenantes des brasseries « amies », des t-shirt verts au ton humoristique, et une grande table avec du fromage….Mais bon je dérive….Faîtes nous plutôt visiter l’atelier….ça paraît intéressant….Pour 150€, en solo ou en duo, apprends à faire ta bière….et…. ¾ semaines après…vient la chercher…pour la déguster…seul ou entre amis…Ça vous intéresse n’est-ce pas ? En carte cadeau pour vos potes qui à l’heure de l’apéro semble connaître toutes les bières…Mais connaissent-ils la leur ? Un bon concept, surtout avec le demi que j’ai dans la main et le galopin de la Semène qui est passé aussi vite que la descente… Pédaler ou boire, l’heure est venue de choisir…

La traversée de Sainté est un brin fastidieuse, bien que Guillaume nous ait concocté un tracé alignant les échappatoires, que ce soit le long de l’autoroute ou bien au travers les zones industrielles…Nous laissons la capitale ligérienne derrière nous….bientôt 18h, Saint Just approche et avec elle la brasserie de la Loire…Il va falloir penser à manger et nous ravitailler en prévision de la nuit….Car nous venons sans nous en rendre vraiment compte de terminer la première partie du parcours….Une dernière rencontre à la brasserie de la Loire…Celle de Julien rencontré sur Strava et de ses deux amies ….Il est tard, Laurent leur prête sa lampe frontale pour la nuit…Un chic type tout de même ce Laurent….

RAVITAILLEMENT à l’Intermarché du coin, et fin de cette première partie…

 

PART II, La nuit, toutes les bières sont grises…(Le Houblonnage)

Donc on récapitule, une première journée de chasse fructueuse qui nous a permis de relier les 5 brasseries disséminées dans la partie sud du département…A 750gr la bouteille environ, cela nous fait donc pas loin de 3,75kg qui viennent se rajouter au poids de la monture….

Nous avons bien gagné le droit de nous arrêter pour manger un bout…Ce sera à Bonson, un généreux Kebab apprécié en terrasse… Florent lui s’est arrêté chez lui à Saint Just…. Initialement parti sur le 160km, il va finalement poursuivre avec nous, sans transporter les bières mais seulement leur photo…Un malin ce Florent…

20h, nous voici de nouveau au complet. Les heures qui arrivent vont être les plus belles de la journée avec les chaudes lumières du Soleil couchant…Nous aurions donc bien tord de ne pas en profiter…Boisset-Saint-Priest, Margerie-Chantagret, nous roulons désormais plein Ouest, en direction des Monts du Forez….Laurent a une nouvelle fois prit les devant, puis, à son tour, Florent…Je roule derrière en compagnie de William qui me raconte ses aventures au French Divide…Un raid VTT qui chaque année traverse la France du Nord au Sud, sur plus de 2000km… Un must…

Mais le temps passe vite quand on discute, la nuit est maintenant tombée, sans vraiment nous en rendre compte… Chazelles-sur-Lavieu, l’association de l’éclairage dynamo et de la frontale fait merveille sur cette petite route étroite qui doit nous amener chez Olivier Gachet, agriculteur, apiculteur, brasseur, l’un des coups de cœur de cette édition… Une clarté qui transperce l’épaisse forêt, celle d’une ferme construite à l’écart des axes aujourd’hui trop fréquentés…Olivier et sa famille nous attendent dans une petite cour, tout comme Florent et Laurent que nous pensions envolés… Un petit chemin de terre, les derniers mètres se feront à pied … Il doit être minuit passé et nous devons paraître bien bizarre, clopin-clopan sur nos montures où les verres s’entrechoquent… Olivier nous invite à rentrer à l’intérieur, une pièce haute aux murs épais…A gauche, un meuble où se côtoient canettes et pots de miel… Au centre, une étiqueteuse sans âge venues des ateliers de Nantes…A droite, un petit bar sur lequel 4 verres sont dressés…Une bière, délicatement parfumée au miel…Un délice….Fatigué, j’écoute en silence….Laurent qui a, aussi surprenant que cela puisse paraître, eu des ruches dans le Forez amène la discussion autour de ses insectes bourdonnant… Soucis d’apiculteur, état des colonies, Reines, ravage des pesticides…Tout y passe…Des heures je crois qu’ils auraient pu en parler si nous ne leur avions pas rappeler l’objet premier de notre quête…Le tour des Ruches de la Loire sera pour l’an prochain, objectif, ramener une piqure de chaque espèce…. Notre tête à l’arrivée devrait vous faire marrer…

Encore une rencontre, un bonjour, un au revoir… Là route invite au mouvement et ne vous laisse jamais vraiment indifférent…Nez au vent, nous poursuivons l’étroite lame de lumière qui file à vive allure…Un trait, un seul…et c’est grisant…Montbrison…une ville, une pierre, deux coups… La BIM (Brasserie Indépendante de Montbrison) d’abord où nous quitterons William, dans le dur depuis quelques kilomètres et qui va dormir un peu avant de repartir…William habite à Bully, un costaud qui a déjà eu plusieurs vies…et des rêves…comme celui de produire ses propres cadres…. Une belle rencontre à qui nous souhaitons le meilleur…pour demain…et pour la suite… La deuxième est plus musicale, enjouée comme peut l’être un morceau de Ska… Les Notes en Bulles en sont l’Orchestre…et nous les danseurs… alors nous tournons, encore et encore autour de cette petite musique…à droite, à gauche, les yeux en haut, et puis en bas…Et puis Laurent a l’éclair de lucidité qui a cette heure nous manquait, la brasserie est là, derrière un lourd portail de fer…. D’un geste nous le faisons glisser…sans bruits à notre grande satisfaction…Nous nous glissons à l’intérieur, chargeons une nouvelle bouteille que nous payons suivant la règle établie par Guillaume d’abord, suivant la règle du savoir-vivre ensuite…Cela nous en fait 8.

Nous quittons Montbrison…Direction Sail…L’idée est de rouler encore un peu, jusqu’à 3h du matin sans doute puis de dormir 2/3 heures avant de repartir…Cette idée à laquelle nous nous raccrochons est agréable et c’est donc avec philosophie que nous abordons les courts secteurs Gravel disséminés sur le parcours… Le parcours vire et vire encore…par monts et par vaux…Sail-sous-Couzan enfin, une ville où l’anarchisme est religion paraît-il…La brasserie porte le doux nom de « la Canaille »…  D’un commun accord nous décidons de dormir ici…l’endroit est si parfait…du moins…nous le croyons…

Devant la porte de l’établissement, un balcon de lattes disjointes abrités des regards par sa rambardes…Nous ouvrons les sacoches pour récupérer l’équipement du parfait campeur, et nous couchons, nos duvets étalés à même le sol…Il est 3h, bonne nuit à vous…Le jour devrais se lever d’ici deux heures, mais le coq… bien avant….

Cocorico….CoCororico….Coco…rico…le chant de cet animal résonne à nos oreilles comme une vraie torture….Nous nous retournons, recroquevillés dans nos duvets pas assez chaud pour la froidure du matin… Le sommeil nous fait cruellement défaut et chaque cri poussé par l’animal nous rapproche un peu plus de l’irréparable…les rires sur l’estrade sont seulement nerveux…Et puis nous nous en voulons…de cette erreur de débutants que nous avons commis en nous allongeant à deux pas d’un cours d’eau…Comment ne pas avoir anticipé l’humidité qui en surgirait au petit matin … ? Personne n’est mort, bon, c’est le principal, je n’ai pas envie de rester une minute de plus à cet endroit… nous pouvons repartir….

Les sacs de couchage sont repliés, les vélos chargés et les bidons emplis de l’eau ferrailleuse de la source qui coule de l’autre coté de la route… Premier coup de pédales, un peu raide, deuxième, et puis nous avançons… vers Boen-sur-Lignon où nous devrions trouver de quoi déjeuner…Quelques croissants, un grand café….Au chaud, les yeux encore collés par cette mauvaise nuits,… nous nous permettons d’écouter la vie exaltante des deux poivrots installés à coté de nous… Il est un peu plus de 7h du matin…l’heure idéale pour le vin blanc, il paraît…. Mais nous, c’est la bière que nous aimons…

 

PART III, le récit du deuxième jour… (La Fermentation)

Mais ne nous attardons point davantage…La route est longue encore pour atteindre la pointe Nord du département et le retour sur Chazelles-sur-Lyon probablement des plus costaud…C’est parti,….enfin non, attendez-moi les amis…Ma roue arrière a une nouvelle fois glissée à l’intérieur des pattes typés fixie de mon Surly…C’est à dire que la tension demandée à la chaîne pour mettre en branle ce poids lourd est devenue trop forte….La roue frotte une nouvelle fois contre le cadre….Un contretemps heureusement sans la moindre importance….

Nous roulons sur la route de Sail, axe emprunté que nous quitterons par une petite route aux pourcentages aussi forts que le café du matin… Et c’est en nage que nous atteignons le sommet…. Arrêtés à droite et à gauche de la route, pressés que nous sommes de retirer les couches devenues trop épaisses pour l’intensité de l’effort… La nuit passée n’est désormais plus qu’un lointain souvenir…

Nous rentrons ici dans l’une des parties les plus jolies et les plus sauvage du parcours….L’étroit ruban bitumeux a ici perçu les lignes que nous nous attachons sans cesse à suivre….Les rangées faites de barbelés torturés ont laissé place à de fines haies ciselées soulignant discrètement le paysage…Un de ces paysages campagnard où le temps semble encore pouvoir s’écouler librement…Et, au détour d’un étang, l’œil rond d’une vache qui vous dévisage….Quel étrange animal que ces individus dont les pieds seuls semblent fouetter l’air….

Brasserie la Germanoise…l’esprit encore embrumé par la mauvaise nuit et les efforts consentis la veille, il me faut quelques minutes pour retrouver le compte la où nous l’avions laissé…Les cinq brasseries de la journée d’hier, les 4 de cette nuit et celle-ci…Nous sommes bien à la dixième canette de notre quête…Soit pas loin de 7,5 kg en plus à remorquer…Cette épreuve est un piège…une vraie course à handicap….

Si la Germanoise est fermée en ce dimanche matin, les propriétaires ont eu l’idée lumineuse de peindre sur les murs un aperçu de l’intérieur…Une belle idée qui nous permet de repartir avec un petit souvenir, comme si nous y étions…

La route, toujours aussi belle et peu fréquentée nous conduit désormais à Lentigny et la Brasserie ICSAS du Challit, situé quelques centaines de mètres en contrebas de la route principale… Les propriétaires ne sont pas là et rien indique que nous sommes à la bonne adresse…Pas d’enseigne, pas de nom, rien…Laurent interpelle un voisin occupé à nettoyer l’intérieur de sa voiture…Et apparemment, il ne les aime pas trop ces voisins brasseur…Nous contournons la vielle bâtisse pour en avoir le cœur net… Un gros chien est attaché dans un coin, l’un de ceux du genre pas commode…Un amoncellement de palettes, des caisses, à demi recouvertes par les mauvaises herbes…L’endroit n’est pas très engageant et il nous faudra plusieurs minutes pour oser traverser la cour au nez et à la barbe de Rex…ou Médor, personne n’ayant souhaité lire quel joli prénom était inscrit sur le collier du chien…Par la fenêtre, l’entrevu d’un atelier du même acabit que les extérieurs…Et pas de caisse…Dommage…

Mais tandis que nous repartions, voici qu’arrive un cinquième larron, tout de vert vêtu, vélo titane…Nous échangeons quelques mots, l’abandon des propriétaires de cette brasserie, la nuit éprouvante et le chant du coq…Lui a dormi à l’hôtel, bien au chaud comme il le dit …. De la main, j’écrase la guidoline jusqu’au fer…Heureusement l’homme est pressé, et repartira avant même d’avoir pu finir notre collation de fruits sec….

Saint Alban-les-Eaux, du moins si ma mémoire est bonne…C’est jour de brocante et nous devrons poser pied à terre pour traverser des allées quelque peu encombrées… Ici une horloge, des petites voitures, des bibelots d’un autre âge…Et tout autour de nous des hommes abrités du soleil sous des chapeaux, des robes colorées et des enfants qui voudraient bien avoir l’argent de leur parents pour acheter tous ces objets support de leur imaginaire….Un peu perdu et un peu gêné par les tintements qui nous accompagne nous traversons cette foule qui ne semble pourtant pas nous prêter grande attention…Les distractions fournies par les objets qui nous entourent ne nous détourneront pas de notre vrai but…Celui de rassembler les 15 bières du département….Coup d’œil à l’Epicerie d’abord, dans laquelle j’intercepte sur le comptoir un bout de pâté croute au bon goût de reviens y…. Puis un bar…Bredouille…Nous la trouverons finalement notre précieuse, dans le point multi-service du village…Nous sommes heureux, pour l’instant c’est un sans-faute… !

Je consulte la liste imprimée à proximité de mon compteur, la prochaine sera Ambierle, dans les Monts de la Madeleine…La trace empruntant en majeure partie le réseau secondaire est une nouvelle fois splendide…à l’horizon, les montagnes, un arbre légèrement solitaire ou bien encore ce tube Citroën …

Les jambes deviennent lourdes alors même que l’accès à cette nouvelle brasserie va devoir se mériter….Guillaume nous a en effet concocté une petite surprise, rien que pour nous….Il est sympa Guillaume…Une belle rampe interminable, ou plutôt devrais-je donc dire un mur….plusieurs centaines de mètres que la masse accumulée depuis le début du parcours rend presque infranchissable….Pliés, arqués, nous tirons sur le guidon et poussons sur les pédales de toutes nos forces pour nous arracher à cette main qui nous tire vers le bas….La chaîne craque, prions pour que cette dernière résiste tout comme devrons résister les tendons de nos chevilles….Devant, les mètres s’allongent et la sueur perle…encore un effort, ça y est, c’est presque fait, Laurent et Florent ont posés pied sur ce qui semble être l’arrête sommitale de la crête…. Nous y sommes…Cette scierie, une sacré Ambrouille…

Nouvel arrêt en descendant dans le bourg d’Ambierle dont le patrimoine architectural nous surprend agréablement…La toiture vernissée du prieuré vaut à elle seule le détour…Une certaine ressemblance avec les toitures aperçues l’an dernier lors du raid Nancy-Villars entre Dijon et les Hospices de Beaune…

Une boulangerie, où une jeune fille nous prépare de copieux sandwich tandis que nous tentons péniblement de rendre plausible à ces oreilles indiscrètes l’histoire qui nous a amenée jusqu’ici…La bière l’emportera, tout disparaîtra Ben, la bière l’emportera….

Nous discutons, tranquillement adossés à l’ombre…Nous sommes aux plus chaudes heures de la journées…. Nous avons le temps…celui de partager, de raconter…Lolo et Flo sont des mecs comme ça…et c’est de la chance que vous aurez si jamais un jour vous les croisez….

Nous allons cette fois quitter la route du Nord pour nous diriger plus à l’Est, en direction de Pouilly-sous-Charlieu où nous devrions trouver la célèbre brasserie du Sornin… Célèbre car il s’agit ni plus ni moins que de la plus ancienne brasserie du département et l’une de celle dont il est le plus facile de se procurer la douce substance… A cette idée Laurent semble avoir retrouver ses ailes…tandis que je me sens, de mon côté, de plus en plus rivé au sol… J’avance en retrait, parfois seul, souvent accompagné de Florent…Les kilomètres défilent toujours sur l’écran de nos compteur…et m’y accroche….

Pouilly-sous-Charlieu, la pointe Nord du département et l’extrême opposée de la Brasserie du Pilat que nous avons visité la veille…La même déception aussi puisque les gérants ne nous auront rien laissé…L’unique épine dans notre Grand Chelem. Et c’est dommage… Il fait chaud, et le tuyau d’arrosage enroulé à l’entrée fait merveille…. On s’asperge, on s’inonde, on refait le plein des gourdes… La température en cet endroit de la plaine est suffocante, et la longue route jusqu’à Perreux un calvaire…Le jus commence à me manquer, et j’ai de plus en plus de mal à garder les roues…

Et puis nous nous élèverons à nouveau, jusqu’à Régny cette fois…Avec l’altitude reviens l’air…léger …et les jambes…pas légères…Laurent toujours aussi en forme à filer en éclaireur, seul Florent m’accompagne désormais. Régny, une descente dangereuse, et puis un petit café, Portugais je crois…  Flo m’offre un Orangina, la bave aux lèvres je ne peux refuser…C’est bon, c’est frais, ça refait le plein de sucre et refroidi la machine…La maison est sympathique, ce qui n’enlève rien, et nous auront droit à de l’eau de source, au Frigo S’il Vous Plaît, pour nos bidons… Une bonne adresse.

Le recul aidant, nous avons bien fait de nous arrêter ici…Car les kilomètres qui nous attendent jusqu’à Machézal seront terribles… Guillaume s’est amusé…Il y avait de grandes routes comme on a l’habitude d’en faire…Mais Guillaume leur a préféré un itinéraire parcourant le réseau secondaire…et pas n’importe lesquelles, celles avec les plus belles rampes et, aussi, parfois, celles les moins goudronnées… La volonté est mise à rude épreuve, le matériel aussi…lorsque victime d’une crevaison dans le dernier Gravel avant Machézal…je dois me résoudre à déposer les sacoches….Mais je ne m’en plaindrais pas, ces passages difficiles ont participé à rendre ce parcours unique…Et puis ont forgé un peu plus le trio de choc que cette aventure a formé…Car Laurent que je pensais rentré rapidement pour préparer sa classe s’est en fait arrêté pour nous attendre…Et qui vois-je arriver affairé que je suis à réparer mon vélo, mon Lolo qui a fait demi-tour pour venir m’aider…. Un chic type ce Lolo !

Nouvelle chambre à air, je replace avec son aide les lourdes sacoches sur ma machine et puis nous repartons, mais à pied cette fois, marchant sur la l’herbe pour économiser nos cales… Machézal, dernier pointage, ce contre-temps supplémentaire ne nous laisse que peu d’espoir de rejoindre Chazelles dans les temps…Tant pis…Nous sommes dimanche et le brasseur n’est pas là. Il a bien le droit lui aussi de profiter de son week-end…Mais lui nous a laissé une caisse, avec un carton retourné dessus. Nous l’en remercions, et nous engageons à faire découvrir sa bière à nos familles, nos amis…La déception du Sornin est vite oubliée…

L’heure avance, notre trio s’est reformé dans cette dernière partie qui doit nous ramener à l’arrivée. Les routes sont devenues moins dures, Laurent qui a prévenu Guillaume que nous serions en retard assure le train… Les kilomètres défilent jusqu’à ce qu’une petite crevaison de notre ami Florent vienne nous retarder un peu…Peu importe, nous sommes désormais certains d’y arriver…jusqu’à la nuit s’il le faut…

Bellegarde-en-Forez, dernier effort pour s’extraire du lieu-dit « La Montagne »….Florent connaissait, pas moi…et la découverte fût brutale….Merci Guillaume ! Sûr que je referais…mais avec 25kg de moins, sic !

 

PART IV, le récit du deuxième jour… (La Dégustation)

Chazelles, enfin, nous arrivons devant la Farlodoise où plusieurs personnes ont eu la gentillesse de nous attendre… Nous sommes les derniers des 400, et pour dire vrai les seuls à avoir effectué le parcours en intégralité… Nous aurons droit aux applaudissements, et c’est bien rare quand ça nous arrive…Le méritons nous ? En tout cas ça fait chaud au cœur… Oublié les jambes lourdes et la selle qui commençait à travailler…

Une photo pour le souvenir, et puis nous poussons à nouveau les portes de la grande salle. Le gérant, lui aussi voyageur cycliste à ses heures nous propose de trinquer à notre réussite, nous acceptons sans silence…Un constat, toutes les bières ont pu être ramenées à bon port, sans casse, toute, non, il en manque une, celle du Sornin…Mais on s’en moque un peu en fait, l’essentiel n’est pas là…

Nous nous sommes amusés, nous avons profités, à replacer chaque brasserie sur la carte, à goutter des bières artisanales parfois très éloignées des codes de celles que nous avons l’habitude de boire…Le concept proposé par Guillaume est génial et mérite de s’étendre…J’espère qu’il y aura une deuxième édition…Merci à Laurent, Merci Florent, Merci William, merci Guillaume….Merci à Christian aussi que je devais rappeler mais que je ne vais pas déranger à cette heure si tardive…Grace à vous je viens de vivre encore une belle journée de vélo….Qui m’a donnée plein de belles choses à raconter…

Sur ce, je dois encore rentrer… A vélo bien sûr, il est 22 heures….Bonne nuit à vous !


Fiche

Descriptif :

GPX : TourDesBrasseriesDeLaLoire
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Départ : Chazelles-sur-Lyon (42140)
Difficulté : Haute
Distance : 430km / D+ : 5775m
Durée : 40 heures 45
Sport : Cyclisme Route + Sacoches

Parcours

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Plaquette

Guillaume Ringot, gérant de l’Atelier du Vélo 42, plutôt habitué à organiser des épreuves VTT (Le Triangle de la Burle) a eu cette idée, en bon Nordiste : « On de bons brasseurs, la bière est en vogue, la Loire offre une variété de paysages aux cyclistes. Pourquoi ne pas mixer les deux ? J’en ai parlé à Julien (La Farlodoise à Chazelles) et c’était parti ». Résultat, quinze brasseries de Saint-Étienne, du Pilat, de la plaine, du Lyonnais et du Roannais, ont adhéré au concept, le but étant pour les pédaleurs de rallier le plus grand nombre de brasseries, suivant les parcours bien sûr. (deux pour le 60 km, six pour le 160 km, quinze pour le 400). Certains avaient prévu leur toile de tente, d’autres des hébergements (gîtes, hôtels).

Extrait du Progrès, 24/06/2019 à 05:00