2023
07.22

#BeaujolaisMirage (Squadra)


Résumé

Il a été convenu qu’aujourd’hui, nous irions nous dorer la pilule au pays où mêmes les pierres le font. Marco en était l’initiateur. Et près de quatre ans après ces fameux jours ou une bonne partie de ma perception de ce que pouvait être le grand cyclisme s’est jouée, il nous proposait un parcours entre vignes et Beaujolais-Vert.

Une belle journée sans à-coups passée en compagnie de ce qui ce fait de mieux dans le milieu ligérien. Avec pas moins de 12 jarrets saillants ayant un jour vibrés au grain redoutable des routes de Bretagne. Alors quand les cols qui agrémentaient le parcours apparurent, avec le Col du fût d’Avenas d’abord présent sur le CLM du Tour de France 2002 qu’un certain Lance écrasa à près de 47km/h de moyenne – (déclassé depuis, effet Boomerang), puis le Col de Crie, où un vélo Géant a été assemblé pour fêter la douzième étape de ce Tour 2023 (bien sûr la plus belle étape 😉 ), c’est à bon rythme et le bidon au clair que nous nous y attaquâmes. Il ne faisait déjà plus de doute que quand la Squadra roule, les compteurs volent…. 😛


Parcours et profil

Descriptif :

GPX : #BeaujolaisMirage
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Départ : Panissière (42360)
Difficulté : Moyenne
Distance : 170km / D+ :  2876m
Durée : 7 heures 43
Sport : Cyclisme Route

 

2023
07.21

#FortAlamo


Résumé

Il y a milles raisons d’aimer faire du vélo. Et la meilleur est probablement celle consistant à partir découvrir quelque chose qui, du moins en apparence, n’a rien à voir avec. La sortie d’aujourd’hui est de ce calibre et commence une nouvelle fois par quelques mots et une nouvelle idée du formidable magazine qu’est 200… Le vélo route autrement 🙂

5 heures du matin, la voiture est chargée et me voici roulant en direction du Puy-de-Dôme l’autoradio branché sur la playlist des meilleurs morceaux du chanteur décédé ce printemps à Orcival. Orcival, un nom de village quelque peu mystérieux, niché entre Tuilière et Sanadoire. Jean-Louis Murat était de là-bas, et c’est un peu tout cela qui m’a entraîné aujourd’hui dans le filet de ses mots. La trace à son nom était une promesse, avec ses guitares, ses psalmodies, sa sensualité, ses soupirs, son rock, sa pop et sa poésie tressée dans les herbes, sautant en croupe des bêtes, filant dans les fontaines. Une description transpirant la liberté pour une balade sauvage et solitaire, entre terre et ciel…

Murmurant, A cheval
Émouvant, Dans la nuit de son âme
Ivre comme une tige, Que le monde étonne
Puis pris de vertige sous la grande étoile, Où il vit…

Il n’a plus de frissons, Aux frissons de la Belle
Dans les cordes, Sous une pluie surhumaine
Quel est ce mystère, Mais que font les dieux ?
Sur ce carrousel, D’orgueil et de feu, Où on vit…

Sur le grand domaine, Jim
Murmurant, Aime en criminel.

J’avais quitté à la mi-parcours la brune et jaune merveille du Cézallier pour enrouler la chaîne dans le vert situé un peu plus à l’Ouest. Alors me parvenaient des bribes chantantes d’un sous-bois ou d’un point de vue saisissant. Roulant saphir dans le sillon heureux du Vinyle pressé par les forces de la Terre. Cette aventure, si petite soit-elle, était belle.

Chaque geste, Même inutile
Mêle au désir un affolement
Est-ce ainsi d’écorce Fille
Que l’on va au monde épais ?
En quelques battements de cils
Que la pluie de-ci de-là, Inonde

Est-ce ainsi d’écorce Fille
Que l’on va de-ci de-là au monde ?
Mais jetez quelques instants
Votre doux regard
Au fond des tripes

Quand s’entrouvraient à la lumièreLes portes du ParadisJ’aurais passé ma vie entièreAu Mont Sans-Souci 😉


Parcours

 

Descriptif :

GPX : #MuratSansMurat
Pays : France
Région : Auvergne
Dépt : Puy-de-Dôme
Départ : Champeix (63320)
Difficulté : Moyenne
Distance : 180km / D+ :  3100m
Durée : 7 heures 45
Sport : Cyclisme Route

 

2023
07.18

#OisifEnOisans 👦🤝👦

Chapelle de la Bérarde, au cœur des Écrins

Finalement le B.R.A. n’était qu’un prétexte. Le plus agréable de ces quelques jours passés en Oisans étant certainement de pouvoir partager le moment entre frangins. Sur route terre et chemin. Arpenter sur deux roues ou en basket les montagnes qui nous vont si bien. Le faire sans stress ni objectif de performance, juste pour soi et pour se faire plaisir…

Nous avons ramené de tout cela un album bien sûr (accessible via la photo) mais aussi des souvenirs bien plus tenaces qui nous suivront lorsque, chacun de notre coté, nous évoquerons ces lieux. Le col loin du temps qu’est Solude, ces rampes vertigineuses et ses obscures tunnels où il est bien facile de perdre ses repères, sont village Notre-Dame, ses vues privilégiées sur les grandes Rousses et son Gravel si inspirant. Ce col que j’avais découvert en 2020, à l’issu du premier confinement m’avait donné une claque. Et à voir le grand sourire du frangin à son sommet, il venait de récidiver. Il y a des endroits bénis où le temps se fige. Solude est ce ceux là. Un endroit mythique. Que les initiés chérissent.

Après le Sabot, nous voici tout en haut d’un autre Sublime de l’Oisans

Et puis au lendemain du B.R.A., ce besoin de récupérer, d’oublier un peu le vélo. Il y avait tant à faire dans les alentours d’Oz et le magicien ne manquait pas d’idée. Après une randonnée remarquable effectuée la veille (Grande Rousse), il me proposait une marche alimentée de noix de cajou. L’idée était bonne. Et les noix aussi. Nous descendîmes donc d’un bon pourcentage attirés que nous étions par le bleu si particulier du barrage du Verney, puis entamâmes la belle ascension en sous-bois que nous promettait la Grande Sure. Il faisait chaud. Et les bidons se vidaient. La fontaine de Poutran nous appela alors à elle, mais il ne faisait nul doute que celle-ci ne devait pas avoir vu d’eau depuis un bien long moment. Passé le coup de la déception, nous choisîmes de quitter la belle montagne. L’appel du vélo revenait au pas de charge, et c’est d’un tour du barrage et de la belle montée d’Oz que nous étanchâmes notre soif. #âmefrère

S’il faisait chaud aujourd’hui sur les hauteurs de l’Oisans, la montagne n’en était que plus calme…

Au pied de la résidence, après une belle montée d’Oz

Et puis il y eut alors même que ce n’était pas prévu, le clou du spectacle. Le dernier jour, une petite sortie vélo avant de reprendre la route ? Quoi faire? Je me souvenais avoir vu un jour sur la carte une petite route sans issue qui fuyait à travers les montagnes. Cette route porte un nom. Celui de la Bérarde. Un haut lieu de l’alpinisme et de la randonnée paraît-il. Une consultation internet plus tard, rien ne semble contredire à cette idée. La route paraît belle, praticable. 30 kilomètres, un effort long mais régulier. Nous avons tout les deux les jambes. Nous tacherons d’y arriver. Le pique-nique est dans le sac, il ne reste plus qu’à pédaler. D’abord rejoindre le pied du col, via la belle piste cyclable découverte dimanche. Mise en jambe parfaite, pour s’échauffer et assouplir les muscles. Je me sens bien !

Cette fois-ci nous y sommes et n’avons pas grand chose à signaler jusqu’à Vénosc du moins. Continuer jusqu’à Bourg d’Arud. La traversée du Bourg d’Arud se fait avec une nouvelle descente puis la pente reprend ses droits, 5% pour commencer. À la sortie du Bourg d’Arud, on traverse un pont pour commencer à gravir une énorme masse rocheuse. Un lacet, la voie se resserre, des sapins à gauche et une paroi rocheuse à droite bordent les côtés, je sens qu’on attaque ce type de route propre à la haute montagne. Le clinomètre indique 6% mais plus pour longtemps, la route prend une courbe à droite et on encaisse d’un seul coup une grosse rupture de pente. Ouch, tout à gauche et c’est parti pour 1,5 km à près de 10% de moyenne !

Puis la déclivité fléchit enfin pour passer à 4%. Le relâchement est d’autant plus plaisant qu’on se prend une jolie claque en apercevant droit devant le sommet d’un blanc immaculé de la Tête des Fétoules (3459 m). La suite est sympa, on atterrit au Plan du Lac (1171 m). La vallée est à nouveau très large, le Vénéon en profite pour s’étaler et coule toujours aussi vivement teinté d’une blancheur laiteuse. Un barrage retient en partie ses eaux.

Spectacle pour amateur de joies en eaux vives

La route replate encore un peu plus sur 2,4 km à 1,5%. J’apprécie ce répit et profite de l’environnement, grandiose… et là, nouvelle claque ! J’aperçois sur ma droite la route perchée à flanc de falaise près de… 150 mètres plus haut, l’effet est saisissant ! Je m’inquiète un peu du nouveau morceau à avaler… je dépasse un camping destiné aux spécialistes des sports en eau vive qui peuvent profiter du déchaînement du Vénéon à cet endroit car la vallée se resserre à nouveau. Une épingle à gauche et j’entame un nouvel effort : 2,5 km à 10% de moyenne. Ça passe bien, même très bien ! J’éprouve un énorme plaisir à grimper cette route incroyable et le fait de prendre de la hauteur permet d’avoir de belles images sur la vallée que l’on peut voir dans l’autre sens !

Une série d’épingles, absolument magiques !!!

La pente est à 9% mais la magie du lieu, la vue des lacets en dessous et du Vénéon encore plus bas font que je ne ressens pas l’effort. Deux petites épingles permettent de contourner la paroi rocheuse puis on franchit le Pont du Diable. J’ose à peine regarder par-dessus le pont, le gouffre est vertigineux ! Encore une petite épingle, costaude celle-là dans les 11%, permet de se hisser à St-Christophe-en-Oisans appelé la Ville qui est le principal bourg d’une commune – 134 habitants – qui occupe 1/5ème de la superficie du Massif des Écrins !

toute la montée ici www.bosses21.com

 

A partir d’ici, c’est un petit miracle qui opère. La pente, moins raide, laissant tout le loisir d’apprécier les pourcentages fabuleux qui s’offrent à nous. Tout y est. De la vallée profonde aux cimes encore  enneigées. Du fracas des cascades à la légèreté des herbes ondulant sous le vent. Des passages d’avalanches signalés au calme apparent des lieux. Sans nous en rendre de compte, nous avons sensiblement levé le pied. Nous avions peur. Peur que ce petit miracle qui prenait forme sous nos yeux ne s’évapore. Un moment d’une intensité rare, dont l’apogée se trouve au bout de la route. Au bout de ce monde, niché dans le creux des Écrins. Et c’est dans ce cadre que nous mangerons. Jamais un sandwich n’aura été aussi bon. Jamais une glace proposée par le frangin n’aura été aussi savoureuse. Les minutes passaient et nous nous ancrions au cœur de ces paysages grandioses.

Un final grandiose au milieu des montagnes

Cela valait bien une petite glace !

2023
07.16

Super B.R.A. + 2023


Résumé


La 51e édition du BRA (Brevet de randonneur alpin), organisée par le club des Cyclotouristes Grenoblois (CTG) est malgré tout un succès

POURQUOI faire son BRA ?

Trois lettres qui vous donnent la chair de poule  rien qu’à leur évocation… Symphonie achevée en 190 ou 220 bornes pour doubles ou triples plateaux et dizaine de couronnes… A chacun sa route… à chacun son chemin de croix de fer… pour 10 à 17 heures de folie collective. Pour une fête où l’on se saoule de soleil et d’exaltation sauvage, aux limites de la résistance … Dans le décor majestueux du trident cristallin des Aiguilles d’Arves …

Braver…. par désir …..?

Réussir …. par plaisir …?

Admirer…mais souffrir….?

C’est un peu de tout ça le BRA !

 

Et c’est le tout premier officiel après une première participation OFF en 2021 et une première participation officielle en 2015 sur un parcours qui lui ne l’était pas

Alors en ces temps d’inflation galopante on va mettre tout de suite les pieds dans le plat 😜. L’an dernier, une marmotte pour fêter les 10 ans de ma première participation. Une journée décevante, une inscription qui coûte la peau du cul, zéro ravitaillement, zéro ambiance, une mentalité pourrie de la part de bon nombre de participants (et notamment vis-à-vis des bénévoles). Bilan, 7000 participants (dont ma pomme) et encore, ils ont du en refuser un paquet…

Cette année, B.R.A. car c’est dans un timing parfait pour le Paris-Brest et aussi parce que ma première participation m’avait laissé un super souvenir. Normal, c’était déjà un Super BRA 😜… Un parcours très proche, mais avec un enchaînement Croix-de-Fer / Mollard en lieu et place du Glandon ce qui présente l’immense intérêt d’écourter la dégueulasse vallée de la Maurienne… Puis le sauvage Sarenne à la place du répétitif Alpes d’Huez… Compter encore un retour par le Pas de la Confession (magnifique) et la découverte d’une belle voie verte reliant Allemont à Bourg d’Oisans, on touche alors le Graal. Des ravitos au top, pas des barres merdiques genre PowerTruc mais des Sandwichs, des fruits et de bons gâteaux. Un chrono avec puce pour savoir mais pas de classement car le dernier d’un tel parcours n’est pas moins méritant que le premier. Et l’ambiance s’en ressent. Des participants détendus, qui disent bonjour aux bénévoles et attendent patiemment leur tour. Qui discutent aussi car cela permet de rendre le temps plus agréable. Un fléchage tip-top, un départ sécurisé et tout ça pour trois fois moins chère que la course pré-citée. Bilan, 850 participants (dont encore ma pomme) et encore il a fallu maintenir les inscriptions ouvertes jusqu’au tout dernier moment…

Bref. La cause (cycliste) part à Volo et nous nous en chargeons bien. Avoir sa tronche en haut d’un post LinkedIn vous gratifiant d’une « performance » dont il faut bien se l’avouer tout le monde se fou, voilà ce qui compte. Et cela se fait au détriment de gens motivés. Qui se foutent d’être rentables mais qui sont fières de nous faire partager leur bout de campagne, de montagne. La promesse d’une belle journée, faite pour soi ou les copains… Populaire et accessible à partir du moment ou nous en avons la volonté. Voilà ce qui confère au cyclisme ses lettres de noblesses. Et ce serait dommage que cela se perde…

Tant que femmes et hommes de passion auront l’envie de défier à vélo les hautes montagnes du Dauphiné-Savoie, le BRA Vivra… !


En images

Départ, 4h du mat’

Cette année, les départs auront lieu du Foyer municipal de Bourg d’Oisans. Exit donc, la longue montée de la Romanche, depuis d’abord Grenoble puis Vizille. Si certains regretterons ce long échauffement entre les cimes étoilées, je ne peux que me réjouir de ce changement et de cet abandon qui n’apporte aujourd’hui plus grand chose. Une route trop large, trop droite, trop circulée, bref, devenue trop dangereuse. 2h30, le réveil sonne depuis l’hôtel d’Oz-en-Oisans où nous avons pris nos quartier. Déjeuné rapide, un strap sur le pied gauche pour tenter d’atténuer la douleur provoquée par mes nouvelles chaussures et le chargement express de la voiture. Oz n’est pas très loin mais la descente vire sévère et je n’ai pas les yeux bien ouverts. Je me force à rester prudent, après tout. Ce n’est que du vélo !!! 3h45, sur le parking en gravier fléché à l’entrée de Bourg, un contre la montre commence. Régis croisé hier en rentrant de Solude partira à 4h. Et connaissant Régis, il n’est certainement pas en retard !!! 4h, j’arrive sur la ligne, tandis que les premiers cyclos s’élancent. J’entends alors le Speaker qui annonce que le BRA partira en trois vagues. 4h, 5h et 6h. Pas le temps de réfléchir, je prend la suite du groupe et croix de bois, croix de fer, ferais brûler un cierge en espérant revoir Régis un peu plus loin….

Le barrage de Grand-Maison

Fort de mes expériences par ce départ très classique, j’opte pour la prudence et n’hésite pas à m’arrêter dès l’entame du col pour tomber le K-WAY. Après les fortes chaleurs d’hier, la nuit est particulièrement douce et il est très agréable de pouvoir en profiter. Premiers hectomètres, premières rampes, sévères. La Croix de Fer est un grand col, un classique du Tour. Il se respecte. Et sait se faire respecter. Car je n’oublie pas la Marmotte de l’an dernier où, bercé d’illusions, j’avais coché toute les cases qui, dans le Galibier, me firent exploser… Prendre un rythme souple dès le début. Gérer les premiers kilomètres aux pentes avoisinant souvent les 9%. Récupérer sensiblement dans la descente pour en danseuse abordes la remontée du barrage. Terrible. Mais si grisante, dans les premières pâleurs du jour. Longer le barrage de Grand-Maison, s’isoler pour se placer aux premières loges d’un spectacle dont décidément je ne me lasserai jamais. Assister à la naissance éternelle du jour, dans le découpage des sommets… Retenir sont souffle. Et être touché par le premier rayon chaud qui donne vie aux montagnes…

Regonfler à bloc dans les 3 derniers kilomètres qui mènent à la bascule entre Oisans et Maurienne. Tenir le choc face aux kilomètres qui s’accumule. Apprécier ces dernières semaines plus calmes qui, après une longue et épuisante série de brevets, m’ont permises de remettre les batteries à niveau. Le corps est un formidable instrument pour qui sait en prendre soin. Les périodes de récupérations font parties de l’entraînement. Voici peut-être ce que m’auront appris ces années après des débuts où tout absolument devait pouvoir s’enchaîner. Il faut bien l’avouer. S’il reste la résistance, il n’y a plus ni cette capacité à récupérer ni cette insatiable envie d’aller plus loin. Le vélo devient de plus en plus accessoire. Un prétexte et un moyen permettant de rendre possible ce que la mécanisation du vide ne permet pas. Aujourd’hui, à la force des guibolles et de ma volonté, je me suis hissé au sommet d’un col qui un jour fit la légende de grands coureurs, qui chaque année, fait le bonheur de nombreux amateurs.

Sommet de la Croix de Fer, tout y est !!!

Et parce que la montagne reste la montagne, les cimes si belles si dégagées de l’Oisans vont laisser place à un ciel brumeux et glaciale dans la longue descente technique du Col aux rambardes forgées d’un métal qui n’existe plus. Enfilades d’épingles sur une route étroite mais déserte. Vertige d’une chute contrôlée vers les abîmes. D’un instant magique de physique élémentaire. Tout corps libre chute dans un élan inimitable… Mains ancrées dans le creux du cintre, centre de gravité placé judicieusement bas, freinage dosé pour annihiler le plus faiblement possible cette gravité venant des entrailles du noyau terrestre. Si grimper est un exercice de corps, descendre est d’une certaine façon un trait d’esprit.

Dans la descente de la Croix de Fer, le brouillard fait son apparition

Saint Sorlin d’Arves, la brume s’accompagne désormais d’un air des plus glaciale. Heureusement, la route va se mettre à monter jusqu’à un joli col que l’on appel Mollard. Oh non pas que ce col est aussi mythiques que nos compagnons du jour. Mais il offre d’habitude de beaux panoramas sur un village perché et les aiguilles d’Arves. Le col est régulier mais j’ai un peu de mal à remettre en route, à cause du froid probablement. Heureusement, il y a les maillots cyans du club de Bletterans. Alors ça pour un hasard !!! Je remonte à leur hauteur, et reconnaît Didier avec qui j’avais la semaine dernière discuté un peu des Origines… Des Origines Axxomes RS et du tout dernier qu’il aimerait bien s’offrir. Nous ferons la montée en discutant, de la belle initiative que constitue ces 24h, de ce que j’avais aimé, de ce que j’aimerai voir évoluer… Il est vraisemblable que les 24h de Bletterans changent un peu l’an prochain, et c’est bon signe, c’est la clé aujourd’hui pour survivre.

Au sommet du Mollard, il y a un petit point d’eau qui aujourd’hui permettre de regrouper les troupes. Je laisse là Bletterans se reformer, et m’élance, dans la descente qui vire-vire et revire…

Un petit groupe roule compact en direction de Saint Michel de Maurienne, où nous trouverons le pointage marquant l’assaut du col du Télégraphe. Il y a aussi un ravitaillement. Et le moins que l’on puisse dire est qu’il n’est pas chiche. Un sandwich, du Muesli, des compotes, des yaourts…Le CTG déborde de bienveillance alors je n’ai pas le cœur à refuser, et je charge, je charge… L’assiette est pleine, l’assiette déborde. Dans la grande salle, il y a des tables, il y a des chaises… Alors je pense à la Marmotte. Qui peut quiner autant qu’elle peut avant de me revoir…

Et puis il y a Régis. Qui à ce moment du spectacle a le sourire. Et la tchatche. Il faut qu’il est dans son élément Régis. Le BRA. Un rituel avant chacun de ses déjà 6 Paris-Brest… Et ce n’est pas le seul, vue les nombreuses chasuble et maillot bleu Eiffel que j’ai croisé. Si seulement cela pouvait aussi marcher pour moi 🤞…

Nous sommes repartis dans les jolis virages du Télégraphe. Le Willier bleu et jaune s’est envolé, à une cadence fulgurante. Mais Bletterans était là. Et le Télégraphe a été déroulé, comme nous avions déroulé le Mollard. A une allure Modeste mais Efficace. Finalement, je l’aime bien ce petit marche-pieds qui mainte fois m’a fait déchanté lorsque, en cigale, je me trouvais fort dépourvu dans les pentes du Galibier… Il suffisait de rouler en dedans. Et d’apprécier les nombreux lacets ombragés qui parsèment cette montée surplombant  la Maurienne.

Col du Télégraphe, en compagnie de Bletterans, et du groupe qui sur Solude nous a accompagné

Valloire grouille de monde mais c’est un peu plus loin que nous nous arrêterons au ravitaillement solide du midi. C’est des pâtes, c’est simple, mais ça fait super plaisir surtout quand les bancs sont installés à l’ombre de grands chapiteaux. Régis est là avec deux copains Paris-Brest. Le groupe Solude aussi. Et Bletterans quant à eux arriveront bientôt. Après la Croix de Fer ce matin, nous allons retrouver un colosse fabuleux. J’ai nommé. Le Galibier. Ce col je le connais par cœur et pourtant chaque montée, quand les jambes répondent, est un plaisir. 2642m à gravir pour se sentir un peu plus grand. Une végétation qui peu à peu laisse place à un festival de roches gigantesque et ces derniers kilomètres, loin de la Terre. Et puis la cime déjà. Une montée parfaitement gérée cette fois. S’approcher du ravin, coté Meije, et tel l’aigle veillant sur le sommet, fondre sans freins dans la descente.

Col du Galibier, toit du B.R.A. éternel

K-Way jaune, pour un petit bout de légende 😉 !

Le Lautaret, par cette première descente qui jadis m’impressionnait tant. Il ne reste plus qu’à laisser rouler, pédalant malgré tout face à un vent violemment canalisé par la forme de cette vallée. Alors tandis que nous roulions déjà le long des eaux turquoises du Lac Chambon, avouez qu’il aurait été dommage d’arrêter si vite. Heureusement, le CTG a pensé à vous et propose un autre joyaux que l’on appel Sarenne. Un col à l’ancienne, sur une belle route pastorale. Une belle vallée aussi, où la roche grise ondule sous le blanc éclatant des glaciers. Alors une fois de plus et après un petit contre-temps, quand la route s’est élevé Régis c’est envolée. Me laissant d’abord seul avec mon grand pignon puis en compagnie d’un mec bien. Un mec qui roulait sur un vieil acier, celui de ses 21 ans, repeint dans un beau vert émeraude pour l’occasion. Nous ferons un bout de route ensemble, discutant du vélo, du plateau d’Emparis, des plateaux du Cézallier et de ses vaches rouges. Et puis le col au détour d’une épingle décida que nous nous égarions à parler ainsi et nous sépara comme pour mieux nous rappeler à lui. Partout il y avait des Cascades et autres Aiguillettes. Je me régalais.

Col de Sarenne, au terme de l’effort

Me voici enfin au sommet de ce dernier col. Pas épuisé, mais franchement content d’être presque arrivé au bout (… il reste le passage du Pas de la Confession tout de même qualifié du Plus). Il y a quelques semaines, je n’aurais pas misé une pièce dessus, mais voilà. La forme va et vient. Bien aidé lorsque l’organisation est top. Le B.R.A. est un truc à faire et à refaire. Pour le défi et le spectacle de tous les instants. Alors rendez-vous en 2025 ou 2027, il faut savoir se projeter 😉 !


Descriptif

Descriptif :

GPXSuper BRA 2023
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Isère
Ville de départ : Bourg-d’Oisans (38520)
Difficulté : Haute
Distance : 210km / Dénivelé : 5500m
Durée : 13 heures 40
Sport : Cyclisme Route

Article Presse

2023
07.09

Les 24heures de Bletterans

Une petite digression dans la préparation au Paris-Brest, rejoindre la Team Lear et Matthieu (Elles du Vélo)  à Bletterans (Jura) pour un défi de Barjot, demandant de parcourir autant de fois et aussi vite que possible un circuit de seulement 9 kilomètres et typé FFC. S’y arracher les cuisses, optimiser les trajectoires dans la partie urbaine du circuit, ses virages à angles droits, ses rigoles et ses pavés. Relancer encore, le goût du sang dans la bouche, sur le petit pont de pierre aux pavés piégeux ! Prendre son temps aux bivouacs, chambrer l’équipe ARINTHOD qui défendra jusqu’au bout sa quatrième place. Se battre jusqu’à l’ultime relais pour finalement devancer l’équipe Adventure Concept d’une poignée de secondes. Merci Matthieu de t’être à ce point dépouiller… 😉  (PS : Matthieu est le recordman au tour, avec 12min 33 soit plus de 45 km/h de moyenne !!! )

Matthieu les manches vertes, aux avant-postes !!!

Les peintres sont venus, ont vus, et sont partis vaincus… Ils s’en retournent donc dans leur vans, avec quand même 782 kilomètres dans les jantes, et un sacré moment cycliste à raconter. Alors oui. On était ce week-end plus du tout dans l’ambiance longue distance, dans le respect des participants et dans les belles virées pleines de dénivelés. Non. On était aux guidons de nos machines de courses, à les plier et à les tordre pour gagner la seconde qui fera peut être plus loin la différence. Prendre les roues, baisser la tête pour mieux perforer le vent, saluer les spectateurs venus assister au spectacle et nous applaudir !

Le circuit de 9km, typé FFC

Pour les 10ans de la section cyclo, le Guidon Bletteranois avait vu les choses en grand. Circuit éclairé toute la nuit, ravitaillement soigné, bivouac sécurisant, de nombreux sourires, du fair-play et de la bonne humeur. Au renard dans le poulailler, venu mettre le feu par son punk agricole dans cette chaude soirée d’été. A la nuit et sa voûte étoilée. A la fanfare Minga et sa reprise au trombone d’Eye of the Tiger !  Au vélo et aux milles formes qui l’anime ! La semaine prochaine, je retrouverais le rythme lent qui sied si bien aux montagnes. Mais en attendant, je me suis bien marré avec les copains, et c’est finalement bien là la seule chose qui compte vraiment !!!

Julien, très à son aise au ravito 😜