2019
05.12

Résumé

Ça y est, ils sont sur la route des 400 km. En cette fin de matinée, 34 cyclos dont 3 féminines prenaient le départ….

Nous y voici donc, 400km, le début des choses sérieuses….Car si les 200 et 300km ne posent pas de soucis particulier à la condition d’être bien entrainé (cela reste des sorties dont le kilométrage pouvait rentrer dans l’étendue de la journée….) le BRM 400 est quand à lui une autre histoire puisque rouler la nuit devient alors inévitable….On y découvre les vrais plaisirs que le pédalage nocturne peut réserver mais aussi au rayon des enquiquinements, la température qui peut chuter fortement à cette époque de l’année et les descentes qui peuvent se transformer en calvaire si l’on est pas assez couvert après une journée d’efforts et de transpiration. On y apprend aussi qu’il ne faut mégoter ni sur l’éclairage avant, pour bien voir et rouler plus décontracté, ni sur la lumière arrière, pour être vu de loin (cf.: extrait revue 200 N°4) et bien sûr l’indispensable gilet sécurité… (Lire le CR du brevet 2015, par Max Dumez, CR 2019 sur le site)

Samedi 11 mai 2019, nous sommes à une semaine du brevet de Feurs que je devais initialement réaliser….Mais mon genou encore douloureux auquel vient s’ajouter l’enchainement rapproché des 24h VTT d’Andrézieux et, je l’espère, du 600km de Feurs, finissent par me faire accepter la proposition alléchante de Christian qui, accompagné de Régis et Christophe, réalisera le brevet de Gillonnay… Patrick ne sera quand à lui pas de la partie mais pourra, je l’espère également, valider un autre brevet un peu plus tard dans la saison. Ce choix qui m’embête vis-à-vis de la Squadra devrait néanmoins me permettre d’avoir une semaine de coupure…. ce qui s’avère raisonnable pour mettre un maximum de chances de mon côté….un tel objectif nécessite aussi de savoir se reposer…

C’est donc vers 8h30 que nous nous retrouvons Christian, Christophe, Régis et moi à Saint Médard pour covoiturer jusqu’à Gillonnay où nous attend un appétissant plateau ardéchois accompagné, mais nous ne le savons pas encore, d’abondantes rasades…Arrivés en avance, nous en profitons pour nous restaurer un peu, les salades de riz et de pâtes étant bien évidemment au programme….Nous discutons, les brevets étant surtout l’occasion de revoir des personnes que l’on avait pas croisé depuis longtemps, comme Florian par exemple…. et c’est plaisant… 12h, le départ est donné par Maurice, l’inarrêtable et innénarable président du GCC. La pluie vient alors tout juste de cesser, un signe…?….Nous sommes 34 cyclos et cyclotes au départ de ce beau parcours…

Le vent qui souffle fort sur la plaine nous incite à rester groupé jusqu’au abord de Cance, et ce même si un rythme infernale est imprimé en tête de peloton…. Cance, au pied de la Vocance, un panneau interdit le passage au plus de 12 tonnes, ce qu’il n’est pas annodin de relever puisqu’il s’agit ni plus ni moins que de la réponse à la question qui permettra de valider ce pointage…. Le groupe sous la pression de Villeurbanne à désormais explosé…. Nous sommes 8, Christian, Christophe, Maurice, Régis, Bruno, un Suisse et un autre cyclo qui décrochera lorsque viendront des bosses un peu plus pentues…. Cette montée douce et régulière est magnifique…La météo est, elle, à l’exact opposé…d’ailleurs voici les premières gouttes….Villevocance, nous nous arrêtons pour grignotter et enfiler nos K-Ways….

Saint Bonnet-le-Froid

C’est qu’il a le nez pour ces choses Maurice…. Ainsi habillé, nous nous effectuerons la montée du Col des Baraques sous de grosses averses…Nous arrivons un peu détaché à la Cîmes des Barraques, puis à Saint Bonnet-le-Froid qui, et même si le jeux de mot est éculé, porte bien son nom…Tel les grimpeurs égoïste, nous attendons ceux qui peine davantage à l’abri d’un porche…Il fait déjà bien froid et la question se pose. Devons nous nous couvrir maintenant au risque de ne rien n’avoir de plus à nous mettre pour la nuit ? Nous conserverons finalement les gants court et nos habits légers…une petite erreur qui nous obligera à nous arrêtés peu de temps après….Gelés cette fois…

 

Cette longue montée nous a mener sur les Hauts plateaux de la Haute-Loire, un endroit que j’apprécie tout particulièrement…Mais pas aujourd’hui… Car il faut bien l’admettre, autant ces paysages sont agréables par beau temps, autant l’endroit est austère voir sinistre les jours de pluie….Les jours comme aujourd’hui….Tence et ses fortifications conçues pour résister, il pleut et nous nous mouillons, Fay-sur-Lignon et son emplacement géographique remarquable puisque situé à mi-distance entre le pôle Nord et l’Equateur terrestre (45ième parallèle nord)…nous sommes mouillés, et nous avons froid….Je m’arrête pour faire le plein des bidons à la fontaine de Saint Régis, apôtre du Velay et du Vivarais….Christophe et Régis sont toujour là…

Fay-sur-Lignon

 

Mais Christian tire tout droit, officiellement pour ne pas nous retarder…. mais peut-être aussi car touché moralement de voir son ami Maurice nous prendre quelques longueurs…..Mais il faut le comprendre Maurice…. Aujourd’hui n’est pas une journée à vélo, même ceux des durs à cuire…..J’essaie pour ma part de faire bonne figure mais je n’ai clairement plus le moral, les pieds noyés par l’eau sale que soulève généreusement ma roue avant….Nous approchons de Freycenet-la-Tour, la pluie toujours tandis que le vent redouble d’intensité…Nous sommes presque à 1300m d’altitude, Régis devant, nous surveille du coin de l’oeil tout en lançant régulièrement des « ça va…? ».. A quelques longueurs un « Cha va, Cha va, Cha pourrait aller mieux… » bien peu sonore … Et, au loin…, une éclaircie minuscule qui attire notre attention…Ca y est , nous rêvons, d’Oasis fruitées, fantasmatiques, prodigieuses ….

Nous entamons la longue descente sur le Monastier-sur-Gazeille….Christian, style toujours fluide, file avec Christophe accroché dans sa roue…. Je ferme la marche, guidonnant quelques mètres derrière Régis dont la prudence en descente n’a d’égale que son moulinet cartoonesque lorsqu’il décide de reprendre la tête….Le Monastier, nos mains sont devenus le prolongement les guidons courbés de nos machines, nos vertèbres ont abolies leur indépendance et il faudra toute la force de conviction d’un Bruno et d’un Maurice debout à coté de la route pour attirer notre attention….

L’auberge des Acacias sera notre refuge, à l’intérieur des jeunes de la région, bierres à la main, venus assistés à un concert initialement prévu de plein-air….A voir leur oeil interloqué, nous faisons faisons office d’avant première….8 trompettes, toutes de jaunes vêtu mais sans revendications aucunes….Juste le besoin primaire de se réchauffer un peu dans un endroit sec, de se restaurer aussi, disparaissant peu à peu dans le confort merveilleux d’un paillage…L’aubergiste qui est commercant dans l’âme parviendra à nous faire accepter non sans une grande insistance sa formule Chili/Rouge, tout ce qu’un cycliste aguerri se devrait de refuser….Mais non..C’est donc finalement avec un certain plaisir que nous dévorons un savoureux Chili accompagné de son Riz….. La pluie a cessé et, derrière la vitre, frappe un rayon de Soleil aussi ref que commenté…

Cette longue pause nous a fait du bien, merci Tenancier de nous avoir quelques peu forcé la main …. Les calories ingurgitées au cours de ce repas nous sauverons, qui sait… Nous repartons avec Bruno mais sans le Suisse ni Maurice qui préfère s’arrêter là….Nous l’acceptons sans insister, il a ses raisons. Saint Martin-de-Fugères, je me laisse décrocher pour attendre Christian qui, s’il passe bien les bosses, y est un peu moins à l’aise….Sauf que lui peut dire, tu verras, dans quarante ans, gamin….Dans quarante ans, avoir sa pêche et toujours autant d’envie, franchement, je signe de suite…. Une belle rencontre comme seul les brevets peuvent en faire ! Goudet, la question de pointage porte sur le numéro d’un chemin, ce sera le 9. Il est 21h09…..facile… l’obscurité nous enveloppe….

Kilomètre 200, le Lac d’Issarlès marque la moitié du parcours….Le village est à cette heure de la nuit parfaitement calme et paisible…. Notre présence seule tranche avec l’atmosphère du lieu…Nous avançons sans bruits tel cinq ombres pourchassant la faible lueur des lampions….Un carrefour, où nous prenons à gauche…. Une belle montée nous y attends, vers le Béage, si ma mémoire est bonne….Dommage que la pluie fasse de nouveau son apparition, nous étions tellement bien sans elle….

Logis Hôtel Beauséjour, Le Béage….Le patron nous offrira une assiette de charcuterie, bien lui en pris…Merci !

 

C’est donc avec soulagement que nous poussons la porte de l’hôtel Beauséjour….L’hôtel est l’un de ces petits hôtel de campagne, qui fait à la fois bar…restaurant….les chambres sont à l’étage….Mais autant ne pas y penser….Une petite table dans un coin, je file m’assoir au plus près du radiateur….Christian est en face de moi, et de droite à gauche Régis, Bruno et Christophe….Au bar, des motards amateurs de Verveine nous toise du regard….Le chef s’approche….pour nous, ce sera, un chocolat, bien chaud s’il vous plaît….Il serait en effet bien inutile de jouer à ce petit jeu….il serait bien inutile d’essayer de nous justifier… 400km….à vélo, dans la nuit, le vent, la pluie…et le froid….Que faisons nous là d’ailleurs….A dire vrai, nous ne le savons plus trop….Et tandis que nos gants et autres éponges sèches sur le radiateur, nous nous imprégnons hagards de la douce chaleur de la pièce….Bientôt il faudra repartir, bientôt…..Pourquoi ? Parce qu’il le faut….

La pluie qui frappe aux carreaux comme ci dame météo nous mettait au défi de sortir…C’était mal nous connaître, ni une, ni deux, nous nous élançons, dans ce qui deviendra,….une nuit d’anthologie.…Le Béage est un village qui culmine à près de 1250mètres….Pourtant, pas question de redescendre tout de suite….Nous allons devoir relier le col du Mézhilac par une route de crête qui ceinture un Gerbier de Jonc dont nous devinons seulement la présence….5 cyclistes, zigzaguant au gré des bourrasques, évitant les pièges formés par une route détrempées, comptant plus que jamais les uns sur les autres…. La vigilance d’un Régis qui, à Saint-Eulalie,  As…Pos….Strophera une octogénaire un brin somnambule, ….Heyy, Ohhh, un cri vient rompre le silence de cette nuit bien sombre…Nous partons en direction de Rieutord, soit à l’exact opposé de là où nous devons aller…Le sourire aux lèvres nous faisons demi-tour….Etrange ? Mais selon vous, à combien s’élevait nos chances de croiser cette vieille dame curieuse, cette curieuse vieille dame à cette heure avançée de la nuit… ?

Branchades, nous approchons du sommet de la Montagne….Le suc d’Ourseyre (1489m),totalement invisible, est à notre gauche….Son champ tellurique disparaît sous les trombes climatiques qui nous environnent….Nous sommes si petits…. 5 petits tourneurs de manivelles, s’escrimant dans la nuit contre cette pente qui ne semble jamais vouloir s’inverser…..Christian est juste devant moi, je le reconnais à sa stature et aux couleurs jaune et rouge qui tranche la nuit…. Combien derrière, combien devant…? .les distances et le temps s’étirent indéfiniement….km220, nous basculons, enfin dans la descente…Sortir de l’enfer par le purgatoire… .

Je m’accroche à l’information qui fût vivement discutée lors de notre dernière escale…et à l’étoile que Régis observateur à bien sûr déceler avant tout le monde….Une seule étoile, fragile, mais qui porte en elle tout l’optimisme qui nous aide à continuer…La redescente dans la vallée du Rhône devrait nous permettre de regagner quelques degrés….et même si nous auront du vent, celui du Nord, de trouver un temps plus sec…..L’espoir fait vivre, il fait apparemment aussi pédaler….

La descente piégeuse du Mézhilac, ses épingles mais aussi ses pierres jonchant le sol …. l’étroit halo créé par ma frontale me permet tout juste d’éviter le pire…. Je peux bien heureusement compter sur Bruno qui, caler dans ma roue, dispose d’un éclairage puissant….Quand à moi, je viens tout juste de comprendre la portée du conseil donné dans le numéro 4 du magazine 200. Sur l’éclairage tu ne devras pas lésiner…

Le Cheylard, tout le monde s’arrête afin de délasser les épaules et rappeler le sang dans des extrémités qui fourmillent sous la morsure du froid….Les efforts fournis ont calmé même les plus bavard….Nous avons fait le plus difficile, il nous reste à rentrer….Regis, en costaud, mène désormais le train dans le long faux plat descendant qui doit nous enmener à la Voulte-sur-Rhône….Un faux-plat interminable marqué par un bref arrêt demandé par Christophe qui commence à s’endormir sur le vélo….Il faut dire qu’il n’a pas pu avaler quoi que ce soit depuis le Beage…Victime du même problème qui lui saborde encore une fois son rêve de Paris-Brest….Pourquoi l’estomac se met-il en carafe comme ça, au point de ne plus pouvoir ni manger ni même boire ? A ceux qui lirait ce billet et qui aurait une solution, dîtes-moi, l’enjeux est d’aider un copain …!

Nous venons de contourner Valence par le Sud, il ne pleut plus…Mais c’est avec force que le vent du Nord fait son apparition….Le retour va être bien long, d’autant que je commence à mon tour à ressentir une certaine lassitude…En fait je dors sur mon vélo et les réveils sont brutaux…il est temps de s’arrêter, s’assoir quelques minutes, la tête posée sur les genoux et….dormir…à peine 5 minutes de déconnexion totale qui m’ont fait l’effet d’une nuit…Chabeuil, le bar du commerce dont le nom valide le dernier pointage, nous nous arrêtons boire un petit café et manger quelques croissants. Le compteur indique presque 330km…L’épreuve commence à être du domaine du possible….

Chabeuil, le pont sur la Veore…

Nous repartons, toujours plein Nord, mené par un Régis décidémment en grande forme….Romans-sur-Isère, Saint Christophe-et-le-Laris, Lestang, un enchainement de toboggan tous plus usant les uns que les autres….Mais personnes n’ose se plaindre….Christophe, qui ne s’est plus alimenté ni hydraté depuis plus de 150km va pourtant en finir….Puisant comme jamais dans ses réserves et démontrant une fois de plus à tous son alent et immense courage ….Pourtant nous savons qu’il sera difficile de récupérer d’une telle dépense énergétique…. et tous croisant les doigts pour le voir continuer la suite de l’Aventure….

Nous arrivons à Gillonnay sur les coups de 11 heures du matin….soit 23 heures après l’avoir quitté…. Un grand merci à toute l’équipe du Gillonnay Cyclo Club venue nous attendre avec une collation régénératrice….Cette attention quand vous rentrez d’un brevet comme celui que nous venons de vivre est tout bonnement inégalable….et c’est donc un grand merci que je vous adresse….Merci pour votre acceuil, pour vos sourire, merci pour votre soutien et surtout, merci pour cette Aventure…

Merci aussi à mes compagnons de route, Christian d’abord qui m’a entraîner dans ces brevets 2019 avec ces formidables qualités de conteurs qui vous font oubliées la longueur des heures de selle…. Il réalise à nouveau un formidable brevet pour, malgré quelques passages difficiles, finir dans de meilleures conditions que nous 4…. Déjà un 600 en tête le Christian, Bluffant ! Regis aussi, qui discrètement aura abbatu, de son coup de pédale rapide et aérien, la plus grosse partie du travail…. Merci à lui pour ses coups d’oeil par dessus l’épaule et ses petits mots qui, l’air de rien, en font un capitaine de route exemplaire…. Un mec sur qui l’on peut compter, certainement….Merci à Christophe pour son exemple, irréprochable même quand les choses vont mal… Des moments quasi-innévitables sur la longue distance…Merci enfin à Bruno, un cycliste de Baurepaire avec qui nous avions déjà fait le 300km de Gillonnay cette année et qui nous, et que l’on a, accompagné tout au long du parcours…Un gros rouleur, généreux dans l’effort, et à la bonne humeur communicative….Bravo à tout ceux et à toutes celles qui s’y sont frottés, qu’ils aient réussi ou non….L’aventure continu….A bientôt pour le 600 …. 😉

Régis, Christophe, Bruno, Florian….et les autres courageux venus en découdre…

Fiche

Descriptif : GPX : #BRM400-Gillonnay-2019
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Isère
Départ : Gillonnay (38260)
Difficulté : Très Haute
Distance : 416km / D+ : 4000m
Durée : 23 heures 50
Sport : Cyclisme Route
Homologation : n°

Parcours

Aucun commentaire.

Ajoutez votre commentaire

Les commentaires sont fermés