2016
04.16

BRM300 de Feurs, 2016


Résumé

2016_BrevetFeurs_ban1

Descriptif :

Openrunner : BRM 300km de Feurs
2015-BRM_Feurs-logoPays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Ville de départ : Feurs (42110)
Difficulté : Haute
Distance : 327.6km / D+ : 3215m
Durée : 13 heures 04
Sport : Cyclisme Route
N°Homologation : n°______

Je viens de parcourir 327,6km à vélo. 327,6km oui, vous avez bien lu. Suis-je fou pour autant ? Non, je ne le pense pas. Pas encore. Car si la distance paraît à première vue énorme, les individus croisés sur ce genre d’épreuve la considère souvent comme une distance « normale ». Normal puisque certains sont capable d’enchaîner sans sourciller 400, 600 voir 1200km pour un Paris-Brest. Ou 6 Paris-Brest…

Une belle performance tout de même qui me permet de porter mon record de 278 à 328km et de franchir ainsi pour la première fois la barre symbolique des 300km. Avec la manière puisque je réalise ce brevet entièrement seul malgré les fortes rafales de vent, la pluie et des petites erreurs de parcours qui m’auront procuré un peu d’anxiété ainsi que quelques kilomètres et mètres de dénivelé supplémentaires. Une bien longue virée en solo avalée à près de 25km/h de moyenne ! 🙂

2016_BRM300-Feurs-nuitFeurs, il est 6h du matin, la nuit est noir et la pluie tombe sur la plaine du Forez. Je m’équipe à la voiture. Jambières, thermique, sur-chaussures, k-Way fluo sans oublier l’éclairage rendu nécessaire par ce départ matinal. Il est 6h20, je m’élance en direction de Longessaigne et sa côte, première difficulté du jour. Sortis rapidement de Feurs, il ne me faut pas longtemps pour rejoindre un petit groupe tout de jaune vêtu. Les LEDS rouges clignotent dans l’obscurité, drôle d’équipage zigzaguant/discutant à travers la nuit. Leur rythme est celui des connaisseurs habitués à ce genre de distance. Certains visages croisés sur le brevet de Clermont-Ferrand ne me sont d’ailleurs pas inconnus. 

Après quelques minutes d’hésitations, je les dépasse finalement. De fortes rafales plein Sud sont annoncées pour le milieu de la journée et je choisis de partir vite quitte à ralentir sur la fin. Il est trop tôt pour dire si ce choix sera le bon. Les jambes répondent en tout cas et j’effectue une montée respectable même si nous étions allés plus vite lors du BRM précédent.

Le jour est levé lorsque je franchis le sommet. Il ne pleut plus depuis déjà un petit moment. Je m’arrête pour éteindre l’éclairage. La carte de route indique clairement Ancy. Je trouve néanmoins le moyen de m’égarer, lancé sur des routes que je ne reconnais pas. Bully, entrée d’agglomération. Il faut que je me calme si je veux espérer rallier l’arrivée. Surtout que ce détour n’a pas eu de grosses conséquences en terme de distance. 53km lors de mon pointage à l’Arbresle. Dans un bureau de tabac, le même qu’en 2015… le gérant n’est toujours pas très sympathique. Tant pis.

L'Arbresle, premier pointage de ce 300.

L’Arbresle, premier pointage de ce 300.

Lozanne, je bifurque ici à gauche, direction les Ponts-Tarrets. Une grande route sans rien de bien excitant puisque nous l’avons déjà emprunté lors du 200. Sauf que là je suis en solo et que les relais reviennent donc souvent…. Je garde espoir, convaincu que mon petit détour a dû permettre au groupe doublé tout à l’heure de me dépasser. Vent de dos, Grand plateau, je vais les rattraper, c’est sûr. 

Les kilomètres défilent sur mon nouveau compteur, quelques vignes (du Beaujolais bien sûr) sur ma droite, un vieux village surplombant une colline arborée sur ma gauche, tiens un manoir ! Et toujours aucun cycliste sur la route. Les mauvaises prévisions de Météo-France y seraient-elles pour quelque chose ?

Chamelet, Chambost-Allières, le paysage devient de plus en plus boisé et les villages, quant-à eux, s’espacent… Tiens, mais….oui, c’est bien ça, un cycliste à l’horizon, tout de noir vêtu, il m’est encore difficile de dire si celui-ci à le profil du grimpeur. Je sais de mon étude que la route va commencer à s’élever à mesure que nous approcherons de Poule-les-Echarmeaux. Le lièvre est à porté de fusil, mais il se défend bien. Je me rapproche…, pour perdre à nouveau quelques longueurs lorsqu’il se met en danseuse. Je suis partis pour 300bornes, je monte au train. La jonction se fait finalement dans les derniers kilomètres de l’ascension, beaucoup plus raides. Un petit bonjour, geste fair-play comme terme à un beau combat.

Ce divertissement a fait passer l’heure bien vite. 120km déjà au compteur lorsque j’entre dans la Clayette, deuxième pointage de la journée. Les dernières lignes droites ont été difficiles, avec un fort vent de face. Le ciel est de plus en plus menaçant. Pas de minutes à perdre, je pénètre dans la boulangerie la plus visible, un coup de tampon, une part de pizza aux herbes (bizarre, mais bon), et hop ! Direction le Château et son plan d’eau pour la pause casse-croûte.

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Le plan d’eau et son fier Etalon, l’entrée magique de la Clayette, premier pointage.

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Le Château de la Clayette, un beau cadre pour une pause pizza !

Première goutte… une deuxième… puis… trois. Me voilà à nouveau sur ma monture alors que ciel chargé semble céder. Il pleut de nouveau sur les routes. Explication plausible à ce beau vert printemps qui couvre une région où l’élevage bovin se fait de plus en plus présent. Nous approchons sans doutes aucuns du Brionnais, pays du Charolais. Devant moi quelques bosses que je franchis tout en veillant à rester en dessous de mes critères d’endurance. Respirer… pédaler efficace surtout. Nous approchons de la barre des 130km,  un seuil.

Saint Christophe-en-Brionnais, Semur-en-Brionnais. Le point d’eau à la sortie du village est bienvenu. Il ne fait pas chaud, le Soleil est rare mais le vent dessèche. Je commençais à avoir soif…

Marcigny rive Est, Chambilly rive Ouest. Je ne résiste pas à la pause photo au pied du pont qui m’avait confortablement abrité lors de ma première nuit en cyclo-camping, périple Loire à Vélo. Commencer à réfléchir aux congés il va bien falloir.

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Chambilly, vous rappelez-vous? En août dernier je dormais sous ce pont !

 

Fleur de colza

Fleur de colza

Cap au Nord, le parcours emprunte la petite route qui longe le canal. Nous sommes sur le parcours de la Loire à Vélo, de chaque coté du bitume s’étendent les champs de Colza, en fleur à cette époque de l’année. Heureusement pour moi, je ne fais pas d’asthme !

Je consulte la check-list. Molinet est ma prochaine destination… C’est pas gagné ! La liste des points de passage est sommaire et les destinations ne sont souvent pas indiquées sur les panneaux bordant la route. Je commence à envisager de plus en plus sérieusement l’achat d’un GPS…

Molinet, enfin. Petit tour dans le village afin de dégoter une boulangerie que je ne trouverais pas. Je m’arrête finalement dans un bar dans lequel je valide la troisième case de la journée. Un coca bien frais crépitant au fond du verre, un joueur compulsif usant ses ongles sur un jeu à gratter, le son d’un match de foot en arrière plan, j’ai 176km au compteur. Un peu plus de la moitié du parcours !

2016_BRM300-Velo-VoileBarre de céréales, pâte d’amandes, me voilà prêt à en découdre. La partie la plus difficile de la journée, Molinet-Le Donjon, une route large en montagne russe m’offrant totalement à la fureur du vent. Personne derrière moi. Je maintiens fermement le cintre, contrant du mieux que je peux les assauts d’Eole. Se concentrer, ne pas douter, ne pas reculer… le Donjon, un pied à terre. Je retire la thermique pour la première fois de la journée.

Montaiguët-en-Forez ? Placé au Sud-Est du Donjon, ce village aurait dû être traversé mais c’est Lapalisse qui s’étend devant moi. Me voilà assis ! Le doute qui me travaillait déjà depuis un moment trouve donc son explication : car si le vent semblait avoir faiblit, c’était seulement parce que j’avais quitté la direction du Sud pour tirer bien plus à l’Ouest, en direction de Vichy.

Lapalisse n'est pas sur la carte de route. Problème.

Lapalisse n’est pas sur la carte de route. Problème.

Rester calme, réfléchir, procéder par étape. Je sors le sandwich que j’avais prudemment glissé dans mon sac avant le départ. Je dois passer à Renaison, situé à quelques encablures de Roanne. Il faut que j’arrive à la rejoindre, une voiture viendra m’y chercher si jamais le physique venait à manquer. Ok, mais comment ? Par la nationale 7 qui ne m’a pas laissé que de bons souvenirs (non, pas d’accident de voiture à Droiturier en 2010….). Non.

J’arrête un passant qui me recommande la direction d’Arfeuilles mais, attention, selon lui, ça grimpe ! Oui, et alors ? C’est quand même beaucoup plus simple quand ça grimpe non ? Certaines personnes ont décidément vraiment de drôles d’idées… ! Et avec le recul, cette petite virée non prévue était un très bon moment. Un coin que je ne connaissais absolument pas, abrité du vent et avec de jolies montées….puis une belle et longue descente sur le barrage de Renaison. L’idéal pour récupérer physiquement et mentalement ! Deuxième moitié de sandwich au barrage, l’idée d’abandonner à Roanne m’a quitté. Il est encore tôt, la dead-line est fixée à 2h du matin !

Le compteur affiche désormais un peu plus de 260km.

 

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Le barrage de Renaison. Mets toi les piles si tu veux rentrer avant la nuit !

Le barrage marque la dernière partie de ce formidable brevet. Il va me falloir encore un peu de courage pour me hisser jusqu’à Saint Just-en-Chevalet, lieu du dernier pointage. Puis ce sera une longue descente sur la plaine et enfin de longues lignes droites planes jusqu’à Feurs. Je croise les doigts pour que le vent y soit moins défavorable que tout à l’heure. Et cela semble heureusement le cas…

…Mais pas de précipitation. Pour l’instant, je dois gravir cette Croix Trevingt dont j’ai entendu parler au départ. Une jolie pente bien régulière qui devrait me conduire sur les hauteurs des Monts du Forez. Une belle découverte ! Et si les kilomètres commencent à se faire dur, le moral est regonfler à bloc.

Un croisement, je prends à droite en direction de Saint Just. Le ciel commence à s’obscurcir. Il faut que je me dépêche si je veux pouvoir effectuer la descente de jour. Ce qui serait une bonne chose puisque la frontale que j’ai fixé au guidon est quelque peu …limite. Nous y sommes. Le sommet. Courte descente sur Saint Just…. je doute ! Comment se fait il que nous descendions ? Ai-je raté le pointage ? Je m’arrête brièvement dans la descente pour consulter Mappy. Ouf, c’est ok, deux personnes de la Squadra en profite d’ailleurs pour me doubler.

Le Capricorne, Saint Just-en-Chevalet, dernier pointage.

Le Capricorne, Saint Just-en-Chevalet, dernier pointage.

Le vélo adossé avec précaution contre le mur, me voilà confortablement assis au bar. Je commande une menthe à l’eau, bien fraîche dans ses glaçons. « Une deuxième s’il-vous-plaît. Merci. Puis-je vous demander un tampon ici svp ? Meerrcci. » Derrière moi, les deux membres de la Squadra sont attablés autour d’un chausson aux pommes. Ils attendent apparemment leur collègue qui ne devrait plus tarder. Nous échangeons quelques mots, pour moi presque les premiers de la journée. Un régal.

« Allez, les jambes commencent à durcir, on se retrouve à l’arrivée. Au revoir. » Je m’élance dans cette dernière descente tandis que la pluie tombe à n’en plus cesser. Qu’importe, le compteur vient maintenant de passer les 300km, l’objectif de cette journée. Pari réussi, 328km, record à battre ! 🙂

Feurs, il est 20h lorsque je remet ma carte de route dûment complétée à l’organisation. Fatigué, mais pas cassé. Une soupe chaude pour se délier la gorge, un peu de charcuterie et de fromage pour se refaire une santé. Un verre de l’amitié partagé avec les quelques courageux venus bravés le vent et la pluie. Une super journée dont je rêverais pendant longtemps. Bonne nuit.


Carte de route


Parcours

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Profil

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