2022
11.13


Résumé

Les plus grands « rallyes » ont toujours eu leurs parcours dits de « regroupement ». Quoi de plus normal donc pour le Rallye Vélocycliste CHILKOOT MIUVACHAS que d’avoir lui aussi -dès son édition des Pionniers- ses villes dites de « Départ » et ses parcours de regroupement / rassemblement associés.Pour sa première édition, le CHILKOOT MIUVACHAS compte donc 8 villes « officielles » de Départ :

LIMOGES (Gare SNCF) 100 KM
TOURS (Etape 84) – 260 KM
BOURGES (Gare SNCF) 180 KM
MONTLUÇON (Gare SNCF) 120 KM
CLERMONT-FERRAND (Gare SNCF) 100 KM
AMBERT (Mairie) 170 KM – Départ le 12/11 à 07H00
LANGOGNE (Gare SNCF) 240 KM – Départ le 11/11 à 10H30
SOUILLAC (La Bicicleta Ravito) 130 KM – Départ le 12/11 à 08H00

Bien sûr, vous pouvez aussi partir de chez vous ou d’une autre ville / gare et à minima, prévoyez les 100 derniers kilomètres à vélo, de l’éclairage, un casque, des vêtements chauds, une tente ou un bivvy, un sac de couchage (chaud), une bière de chez vous à offrir à un autre bikepacker et quelques billets ou une carte de crédit pour l’apéritif, le dîner et vos consommations à l’Auberge du Plateau. Pour le bivouac à l’Aire Naturelle de Camping de la Croix de la Mission, c’est la commune / Mairie de Saint-Setiers qui offre les emplacements. On la remercie !

1er RALLYE VÉLOCYCLISTE
CHILKOOT MIUVACHAS 2022
Samedi 12 novembre 2022
19290 SAINT-SETIERS
https://www.chilkoothouse.com/les-camps

 

Mairie d’Ambert, il est 7h…

12 novembre 2022, Laurent Guillaume et moi nous sommes donnés rendez-vous sous les arches distinctives de la mairie d’Ambert, pour un départ à 7heures du matin. A cette époque de l’année, ce sera suffisamment matinale pour des premiers tours de roues en nocturne. Suffisamment tôt également pour avoir un peu froid. Car si les températures de la journée ne devraient pas être mauvaises, pour ne pas dire exceptionnellement clémentes, nous trouvons à ce moment une vallée de la Dore glaciale. 2°C au compteur, et une brume chargée d’humidité qui nous glace les pieds et le sang…

Heureusement le parcours est fait de telle manière que nous allons vite pouvoir nous réchauffer, avec dès le premier kilomètre, la longue montée vers le col des Fourches. Un col qui n’est pas sans me rappeler le départ des copains 2021. Un col ni dur ni facile, un col pas détestable ni très agréable. Une grande route indécise entre larges lignes droites et lacets. Un énorme pick-up avec à l’intérieur un conducteur probablement sans la moindre once d’intérêt nous klaxonne et nous serre dans le fossé. Nous qui discutions déjà à bâtons rompus des possibilités du nouveau monde, nous voici rattrapé par la réalité. Le vieux monde, que l’on espère pourtant voir bien vite disparaître s’accroche. Mais s’enfonce…

Voici le col des Fourches, qui du haut de ses 972m nous a permis d’échapper à la froideur d’Ambert pour gagner quelques degrés et nos premiers rayons. A ma montre, bientôt 8h. Nous arriverons bientôt à Saint Amant-Roche-Savine, où Romain nous attend, le quatrième larron de l’expédition.

Cette fois, nous sommes au complet, avançant d’une allure décidée vers le sommet de la Corrèze…

Le Livradois est un secteur particulièrement boisé où il fait bon rouler en bonne compagnie. D’allure joyeuse, nous traversons plusieurs clairières parsemées de franges mystérieuses. Un village, un clocher modeste mais construit pour durer. Nous voici déjà à Echandelys, et je me délecte à l’avance de faire découvrir à mes amis la descente aux virages qui s’enroulent si doux jusqu’à Saint-Quentin-sur-Sauxillanges. L’un des moments forts de la Campagne de Gergovie, pour ceux qui ont tout suivi… Cette descente qui longe l’Astrou était aujourd’hui glaciale. Pas un régal donc. Alors je me suis laissé glissé devant, et, du charbon chargeant les saccoches, sur ma dame d’acier, j’ai charbonné auant que j’ai pu…

Saint Quentin marque une rupture dans le paysage. La forêt a cessé d’un coup pour laisser place à de verts paturages. Tandis qu’au loin la route offre ici et là de superbes panoramas sur les cimes minérales du Sancy. Oui ! De petites montagnes diront les mauvaises langues. Mais des montagnes que le contraste avec les paysages alentours rend toujours impressionnantes. C’est par là que nous passerons…

Mais d’abord, nous allons devoir traverser Issoire, où nous prendrons quand même le temps de nous ravitailler dans une boulangerie, d’abord, puis à la terrasse d’un petit café. Partis tôt exprès, pour ne pas avoir à courir constamment, les pauses font parties intégrantes de cette histoire. Alors nous ne nous en priverons pas.

Laissant derrière nous Issoire et la plaine de la Limagne, nous roulons en direction du Massif qui d’ici semble suffisemment fort pour nous barrer la route. Raison de plus pour ne pas vouloir y arriver trop vite. Après Champeix, j’ai choisi pour le bien de mes camardes de fuir la D996, décidément beaucoup trop circulée. Nous rejoindrons plutôt Murol par Grandeyrolles et les hauteurs de Saint Nectaire. Alors quand la route prend à droite, il s’agit d’un morceau de bravoure et il n’est plus question pour moi d’accrocher les roues de mes compagnons qui irrémédiablement s’échappent. Ils m’attenderont bien un peu plus loin !? Mais quand même, pas sûr que partager la trace était une bonne idée…

Dans cette montée où les pourcentages dépassent parfois 10%, j’ai un peu retrouvé  le sentiment du ride lent qui m’a accompagné ce mois d’août … Se laisser bercer par la topologie du terrain. Lui laissé nous imposer sa loi. Rendre les armes. Ne pas combattre. Ce serait tellement futile. Du petit rythme qui était le mien, j’ai pu pleinement admirer le rapace posé sur le piquet planté à coups de masse. A ses yeux, étais-je la souris qui va à dos d’éléphant ? Je ne le saurais. Il a déployé ces ailes, lentement, et puis il s’est envolé. Mes camarades, eux, étaient devant, en pleine scéance dépoilage. Au clou thermique, jambières, et ramage des jours d’automne. En cette année 2022 où l’été ne semble plus vouloir finir, nous roulerons tout de court vêtu. Et peut-être, à nos risques et périls…

De la route des crêtes sur laquelle nous nous étions élevés, nous conptemplions l’Espace Auvergne. Un miracle. Chaque montagne, chaque arbre, chaque détail du décor ayant trouver la place qui lui sied le mieux. J’avais choisi cet effort pour que nous puissions éviter la départemental trop fréquentée. Je n’avais pas imaginer le cadeau que cela nous ménagerait. Une piste grise, plongeant sur les hauts de Saint Nectaire et donnant un oeil libre sur Murol et ses hautes murailles. Certaines images sont difficiles à photographier mais restent pourtant gravées. Celle-ci en fait partie.

Tandis que nous contournons Murol, la question du manger commence à se poser. Nous devrons bientôt escalader le Sancy, et le site touristique du Chambon-sur-Lac serait peut-être bien l’une de nos dernières possibilités… Après, il n’y aura plus rien. Pas avant Mont-Dore du moins… Sous ce grand ciel bleu, nous l’avions presque oublié. Mais à la mi-novembre, les commerces ayant pignons sur rives ont tôt fait de cloturer leurs affaires et fermer le chauffage. Faites le fond des poches, il n’y a plus rien ici… !

Le reflet parfait des montagnes dans les eaux du lac Chambon…

Rien, non pas tout à fait, car Romain et Laurent ont semble-t’il flairé la bonne à faire et remontent une rue en travaux. De grand signes, je ne vois pas bien d’où je suis mais je crois qu’ils ont trouvé. Oui, la boulangerie Morillat qui à cette heure est déjà dévalisée. Nous y trouverons malgré tout notre bonheur. Nous achetons les dernières baguettes, du jambon de pays et un Saint Nectaire, ça va de soi. Un Coca et un pavé myrtilles pour le sucré. Ne reste qu’à s’installer, sur les pierres confortables d’une fontaine chauffée par le Soleil. Discuter, au bruit de l’eau, des projets passés et futurs, d’alpinisme et de la conquête des sommets. De légendes aussi. Du Forez et du Forez »e ». La pause improvisée s’allonge…

Casse-croûte improvisé à Chambon-sur-Lac…

Le Sancy, versant Croix-Morand…

La pause a été bien négociée. Et si nous aurions aimé la faire durer encore un peu, nous savions les autres Chilkoot déjà en route. A l’heure de la digestion, sous nos yeux le meilleur morceau de la journée, celui qui seul justifie le risque d’une aventure en saison si tardive. Nous allons grimper la Croix Morand et cela aurait pu être un petit regret tellement j’étais persuadé d’avoir tracé le parcours par la Croix Saint Robert. Mais non, je me suis trompé et nos GPS sont en ligne et formels. C’est bien la Croix Morand qu’il nous faud franchir. D’abord encaissée, la route se dégage progressivement pour offrir un spectacle de lumières incroyable, sur l’herbe rase des montagnes. Le groupe s’est distendu et chacun monte au rythme qui est le sien. Nous nous attendrons en haut. Chaque nouvel arrivant apportant au col un sourire qui s’ajoute à celui de son prédecesseur. A l’auberge du col, la terrasse est pleine à craquer. Et dans ma tête, se bousculent images et idées… Cette formule concentration qui nous laisse la main sur le chemin emprunté est un pur régal. Les autres sections elles ne sont certainement pas en reste… !

Comme un lichen aigri,  Sur le flanc d’un rocher,
Comme un loup sous la voie lactée Je sens monter en moi,
Un sentiment profond, D’abandon

Par mon âme et mon sangCol de la Croix MorandJe te garderai

Le sommet de la Croix dévoile ce que nous aurions pu prendre pour imensité…

A Mont-Dore et à toute vitesse nous sommes descendu. Sur une belle langue lisse et sans accrocs. Et puis nous avons cherché un peu d’eau. Romain, Laurent et Guillaume ne semblaient pas du tout éprouvés par ce que nous avions déjà parcouru. Je ne pouvais en dire autant. Contrairement à eux qui vaquait en bikepacking, j’avais fait le choix de la randonneuse. Et passablement alourdi j’avais maintenant un peu de mal à suivre le bon train imposé. Le confort d’une nuit est parfois l’inconfort du jour, pourrait-on dire. Alors quelques mètres derrière je tendais l’élastique, prenant garde surtout à ne pas perdre le plaisir de cette journée.

Le monde dans lequel nous évoluions encore une fois avait changé de visage. Plus de montagnes, nous avons un moment suivi la Dordogne dont la fraicheur nous remontait depuis les sapins. Et puis vint la Bourboule, qu’un pont nous permis d’enjamber. Rive droite, nous remontions vers des vallons agricoles. Des champs, des haies, des bêtes… Nous comptions les vaches plutôt que les kilomètres. Nous discutions, de tout et aussi de rien. De choses graves, du dernier Chiru que Laurent venait d’acheter. Des stages commandos et du chevalement témoin du passé industriel de Messeix. Le vélo satisfait que l’on ne s’intéressessa plus trop à lui avancait. Le niveau du bidon baissait et autours les feuilles jaunissaient. Un paysage de milles feux auquel nous ne nous attendions pas. La Corrèze, j’étais venu la découvrir au mois de mai 2018. Trois journées où il avait finalement fait beaucoup plus froid qu’en ce beau mois de novembre.

Nous venons de traverser Eygurande et roulons toujours en direction de l’astre couchant. Notre objectif ? La commune de Saint Setiers qui sera une hôte pour la nuit. Saint Setiers n’est pas le vrai point de rassemblement des motards des Millesvaches. Il s’agit plutôt du Mont Audouze comme l’indique Michel Perdrix dans son appel de 1969. Un point haut de 953m d’altitude véritable, et non pas 1300m comme on le lui attribua longtemps. Ensuite, Saint Setiers et le Mont Audouze  sont distants de 5 kilomètres environ, l’imprecision n’est donc pas très grande. Et parfaitement excusable. Saint Setiers a l’avantage d’avoir le camping qui nous accueillera pour la nuit et une petite auberge, celle du Plateau, où nous retrouverons avec plaisir des Chilkoot venu des 4 coins de France. Parce qu’il n’y a pas que le vélo, il y a aussi les restos avec les amis, restos bien meilleurs tout de même quand on peut y aller à vélo 😉

En ce mois de novembre, la Corrèze s’est parée de milles feux….

Il est un peu plus de 18h30 lorsque nous arrivons au camping où la plupart des participants sont déjà arrivés. Nous ne sommes cependant pas les derniers. Il reste une bonne dizaine de participants sur les routes. Nous en profitons pour revoir et discuter avec les gens, certains pas vu depuis longtemps. Ceci est une particularité des Chilkoot. La compagnie se connait. Et se reconnait. Depuis 5ans que je la cotoie, je peux affirmer qu’il y existe une certaine fidelité. Quelle mérite d’être connus. Et puis, il est toujours bien agréable de partager une bière amenée de chez soi avec un autre participant, et de faire sa connaissance. Sur la table, mon choix s’était porté sur une Ratz, venue sans que je le sache de la vallée du Lot, dans les bagages de Carole.  J’avais pour ma part choisi d’aporter une Métallo, référence à ma région mais aussi petite contribution solidaire puisque cette belle brune 100% malts bio est brassée par l’ESAT/SAESAT « LES ATELIERS GIER », à la Grand Croix (atelier d’insertion de personnes en situation de handicap). Une bonne bière, au demeurant !

Une petite sélection des mousses venues à vélo depuis tout le pays…

Tous les participants sont désormais arrivés, et nous allons pouvoir aller manger à l’Auberge du Plateau. Elle qui a la lourde tâche de rassasier des cyclos qui viennent de passer une journée entière à vélo. Pari amplement réussi, c’était simple, mais super bon ! Tout cela dans une ambiance d’initiation au Rock assez surprenante, avec camion du tatoueur installé sur le parking. Bref, un coup à rentrer avec un pédalier de plus tatouer sur l’épaule gauche…

L’auberge du plateau, 14 Rue de la Croix de la Mission, 19290 Saint-Setiers. Quatre virgule Cinq étoiles sur TripAdvisor, un patron en prof de Rock et qui restera pour sûr un super moment de convivialité !!!

23h30, voici venu l’heure de remonter au camping où nous allons pouvoir déployer l’attirail de bivouac trimballé sur nos deux roues. Une belle nuit de novembre au clair de lune nous attend. Une proposition un peu folle. Et ce vieux tube de 10 ans qui depuis des jours tourne en boucle…

Ooh aah ooh
When the mountaineers
Saw that everything fit, they were
Glad and so they took off…

Laurent, au petit matin, en plein préparatifs du trajet du retour…

Guillaume, attablé pour le petit-déjeuner… Aucunes saveurs sucrées, que du bon, que du cochon… !

Photo prise par Luc devant le camping, c’est dimanche, l’heure parfaitement matinale…

Dans notre nuit sous les étoiles nous avons été relativement épargné ! Le froid n’ayant pu trouvé les sommets, tout piégé qu’il était dans les tréfonds humides de la campagne correzienne… Les vaches, elles, avaient plutôt l’air de s’y plaire…

Le retour, tout comme l’aller fut un enchantement. Nous naviguions de route tranquille en forêt orangées, croisant villages de pierres vêtus, de jolis étangs où les poissons nageaient joyeux…

Le Col de la Moreno marque la pause de midi. Quelques instants avant, nous allions agiles entre les orteils du Géant qui sommeil… Nous ne pouvions alors risquer de nous y arrêter, de fouiller ces sacs au fond desquels parfois l’alu crépite… Nous avons silencieusement poussé jusqu’au col… Et au bord de cette route fréquentée. Pris nos aises. Pour casse-croûter…

La tombée de ce deuxième jour fut un spectacle auquel nous n’étions pas préparé… Le ciel rougeoyait….

Tandis que la terre elle, s’embrasait…

Piéger par l’oeil du Photomaton, Damien, Guillaume, Laurent, Romain. L’ULTEAM AMBERTOISE de ce beau Millesvaches autant attendu que réussi…

Que dire, à part que tout s’est magnifiquement passé. La météo sublime, des paysages grandioses dans leur couleurs d’automne, une nuit clair et des étoiles partout au dessus de la tête. Merci aux copains, merci à Luc, merci à l’auberge du plateau pour le bon repas ainsi qu’à tous les Chilkoot venus des 4 coins de France pour le partage d’une belle aventure… 🤗


Parcours

À l’approche de l’hiver 1969 (le samedi 6 décembre 1969), ils avaient été près d’une centaine de pionniers motocyclistes à répondre à l’appel du jeune parisien Michel Perdrix, organisateur du « 1er Rassemblement libre LES MILLEVACHES » au Mont Audouze (Corrèze). Revivez l’Aventure !

Descriptif :

GPX : #MIUVACHAS-22 Aller | Retour
Pays : France
Région : Rhône-Alpes-Auvergne…
Dépt : Puy-de-Dôme
Départ : Ambert (63600)
Difficulté : Moyenne
Distance : 185km+185km
D+
: 3000m+2700m
Durée : 2jours + Bivouac Clair de Lune
Sport : Cyclisme Route

 


 

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