Moments forts :
– La Loire magnifique aux premières heures de la journée
– La galère après une erreur d’orientation à Angers
– Le chemin blanc en arrivant sur Nantes et le Château des Ducs
– L’incident au niveau du Bac du Pellerin
Album :
– Haute Qualité
Journal :
Vais-je pouvoir rattraper le retard prit la veille ? Voilà la question que je me pose ce matin au réveil. Car si les conséquences n’ont rien de graves, de la réponse dépendra la date de mon retour en train que j’appréhende de plus en plus. Vais-je pouvoir prendre le train AVEC le vélo, devrais-je tout démonter ? Autant de questions que décide de repousser de mon esprit. Advienne que pourra.
La nuit a été écourtée par le feux d’artifices mais je me sens de bonnes jambes à peine levé. Cette première impression se confirmera d’ailleurs rapidement puisque j’avale littéralement les 30 premiers kilomètres. 27/28km/h au compteur, je suis un 36 tonnes lancé sur l’autoroute….et plus rien ne m’arrêtera. L’objectif de la journée est Nantes. Celui avec un grand O est l’Océan. Et les doutes qui m’ont souvent accompagnés sur les routes s’effacent maintenant pour laisser place à l’euphorie. Car peu m’importe désormais qu’il me faille 2,3 ou 4 jours pour l’atteindre, l’objectif est en vue et rien ne me fera y renoncer…. Surtout après les belles photos jouant sur les reflets que je viens de réussir.
Un bateau sur la Loire.
Les Sternes à contre jour. Deux images, Deux ambiance.
Bonjour, perdu dans mes pensés, je suis surpris de voir qu’un cycliste revenu à ma hauteur tente de nouer la conversation. Bonjour. Nous échangeons quelques minutes et j’apprends que cela fait près d’une demi-heure qu’il m’a en point de mire, sans parvenir à me rattraper. Je vante les mérites de l’inertie apportée par la remorque sur ce type terrain, sans lui proposer de l’atteler toutefois n’en étant pas tout à fait convaincu moi-même. Mais ceci me permets de me rendre compte que je suis parti à bloc et que je ferais bien de lever un peu le pied si je veux tenir toute la journée. Nous ferons un bout de route ensemble, jusqu’à Saint Gemmes-sur-Loire en fait, village qui devait marquer la fin de la septième étape.
C’est à Gemmes-sur-Loire que nos routes se séparent. Je reprends ma route sur la LàV.
Inquiet de perdre de vue l’itinéraire préparé, je lui fais part de ma volonté de retourné sur le parcours de la LàV. Bref salut, nous nous séparons pour reprendre la suite de nos chemins respectifs. Cela signifie pour moi un retour sur la berge, Nord cette fois-ci, de la Loire. Je m’arrête pour la première fois de la journée pour une courte pause ornithologique.
Les panneaux semblent indiquer que nous approchons désormais d’Angers. Inattention ou balisage insuffisant, je n’atteindrai jamais la ville. Me voilà en effet déjà bien trop à l’Ouest, assis dans un parc où la zone de baignade est envahie par les petits canards. Je partage avec eux les miettes de mon 10 heures. Pas farouches, le pain au chocolat semble leur convenir.
Petits Petits, venez mAngers !!!
Je repars vers l’Ouest….enfin ce que je croyais être l’Ouest. Car le panneau d’entrée en agglomération indique Le Plessis-Macé, commune de Maine-et-Loire située une bonne quinzaine de kilomètres au Nord d’Angers. Tous ces efforts pour rien donc. Le temps gagné dans la première partie est désormais largement perdu et la journée sera donc … longue. Mais je me réconforte devant le Château du Plessis-Macé, vieil édifice médiéval que j’aurais esquivé en restant sur le parcours.
Le Château de Plessis-Macé n’était pas sur la route. Mais bon, quand on aime on ne compte pas …
Consultation de la carte, il me fut viré à 180° et me retourner vers Saint Georges-sur-Loire, ville à partir de laquelle je reprendrais un peu à l’Est pour voir le Château de Serrant. Cette partie du trajet ne sera pas très intéressante avec de longues lignes droites en montagnes russes.
Le château de Serrant est très bien entretenue et ses hautes façades de style renaissance font bon ton au milieu du grand parc qui les entoure. Dommage encore une fois que le ciel ne soit pas plus dégagé, car cela aurait pu faire de bien belles photos.
Le Château de Serrant, de style Renaissance.
Tiens, un panneau « La loire à Vélo ». Me voilà de nouveau sur le bon chemin, une quinzaine d’Angers, mais cette fois plus à l’Ouest. Encore un petit effort, je traverse un grand pont au alentours de Mont Jean-sur-Loire, pont qui me sur la Rive Sud. Rive Sud = Bonheur / Rive Nord = Malheur. Tel est le constat que je fais à cet endroit du parcours.
Activités en bord de Loire.
Je m’efforce de retrouver un peu de rythme car mon avancé sur la carte fait peur. J’ai roulé tout le matin, à bonne vitesse il me semble, et pourtant j’ai l’impression que Gennes est toujours dans mon dos. Heureusement cette partie du parcours est droite, sans virages inutiles et sur un revêtement idéal, et me voilà rapidement à Ancenis où je m’arrête pour recharger les bidons. Le ciel est couvert mais l’atmosphère reste chaude. 26/27°C au compteur et il ne faut donc pas oublier de s’hydrater.
Juste une petite pause.
Après avoir de nouveau rejoins la Rive Nord, Oudon et son Château brun s’offre à moi. La statut d’un soldat, harassé sous le poids de l’armure et des armes me rappel combien mon combat à moi est bien plus plaisant. C’est quand même la belle vie et le pessimisme ambiant me paraît de plus en plus déplacé. Il ne faut finalement pas grand chose pour être heureux. Un truc sucré à manger, un truc sucré à boire, un truc beau à regarder et du mouvement. Oui, c’est ça, surtout du mouvement.
Le soldat d’Oudon
Et puisqu’on en parle, je vais vivre ici l’un des plus beau mouvement du voyage. Car bien que la piste cyclable semble être retourné s’étendre sur la rive Sud, je me retrouve de mon coté sur belle piste piétonne encadrée par la Loire et la voie ferrée. Un beau chemin blanc, bordé d’un côté par un petit muret et de l’autre par le rocher, une Loire large et vivante, des trains rapides et réguliers. Magique 🙂
Le final est grandiose. Un étroit chemin blanc longe la Loire, à flanc de rocher.
J’arrive finalement à Nantes. Il est près de 19 heures lorsque je débouche devant le Château des Ducs. La ville me fait bizarrement penser à Strasbourg. Des canaux, le trame, des constructions basses, une belle cathédrale, la vie qui s’en dégage. Les automobilistes sont courtois, habitués probablement à la présence des nombreux cyclistes sillonnant leur ville. Une maison à colombage. Tout y est.
L’entrée du Château des Ducs, Nantes.
Dans les prisons de Nantes, Y’avait un prisonnier, Personne ne vint l’vouère que la fille du geôlier, un jour il lui demande, Que dit-on de mouè? On dit de vous en ville, vous serez pendu… Mais s’il faut qu’on me pende, Déliez moi les pieds, La fille était jeunette, les pieds lui a délié, Le prisonnier alerte, dans la Loire s’est jeté, Dès qu’il fut sur les rives, il se mit a chanter, Je chante pour les belles, surtout celle du geôlier, Si je reviens à Nantes, oui je l’épouserait, je l’épouserait! Dans les prisons de Nantes, y’avait un prisonnier, y’avait un prisonnier!
Fredonnant cette belle chanson sur les routes de l’Ouest, je cherche peut-être inconsciemment à quitter l’agitation de la ville, devenue pesante après ces 8 jours de totale liberté. L’itinéraire LàV est provisoire et bien compliqué à suivre. Me voilà désormais roulant de quais en zones industrielles, presser de quitter au plus vite cette ceinture. Le Soleil est bas dans le ciel. Il va falloir aussi commencer à réfléchir au camping…
Quitter Nantes par ses grandes zones industrielles n’est pas des plus plaisant.
…Mais, surprise ! La route est coupée par un large bras bleuté que je ne pourrais traverser que par la navette gratuite mise en place. Il est 20h25 tandis que le panneaux d’affichage indique le prochain départ à 20h30. Pas de temps à perdre. Je descends du vélo et m’élance avec force de conviction sur le pont. Mais c’était sans compter la traîtrise de mes chaussures de vélo qui, rendue glissante par l’humidité du quai, n’offrent pas l’adhérence suffisante pour pouvoir me hisser jusqu’en haut. Me voici donc coincer sur la pente, dans l’angle mort du poste de pilotage. Chaque tentative de mouvement n’ayant pour autre conséquences que de m’entraîner un peu plus vers le bas. Sonnerie retentissante, les vibrations générés par les moteurs que l’on met en route me parcourent le corps. Je constate avec effroi que les barrières sont en train de se refermer sur moi tandis que l’espace entre la machine et le quai semble augmenter. Je pousse un cri. Heureusement, Bob, ma remorque Tour du Monde est solide et coincée sous les barrières, empêche leur fermeture. Je ne saurais jamais si l’équipage m’a entendu ou si c’est cet élément étranger qui alerta l’équipage mais tout s’arrêta heureusement brusquement. Les vibrations cessèrent alors même que deux personnes accoururent pour m’aider. GROSSE GROSSE frayeur, plus de 1000km sans embûche stopper net par une pauvre barrière jaune. C’est trop con… Heureusement, plus de peur que de mal, et si la remorque a bien été abîmé dans l’incident, tout reste fonctionnel. Pas de casse, pas de voile, le vélo lui non plus n’a rien. A peine un mauvais souvenir. Ouf !
Le bac aurait bien pu marquer la fin du parcours, mais Bob est solide, heureusement !
Après avoir remercié et salué mes sauveurs comme il se doit, me voici de nouveau dans la capacité d’avancer…cette fois sur la terre ferme. La nuit commence à tomber. Je n’ai pas le temps pour une inspection plus complète. Je repars en direction du camping le plus proche. J’appui sur les pédales, la montée d’adrénaline provoquée m’a fait oublier toute fatigue. Je fonce, droit devant.
La nuit tombe sur cette avant dernière étape. Il est grand temps de trouver un camping pour la nuit.
Il est près de 21 heure lorsque j’atteins le camping municipal du Frossay, avec plus de 200km au compteur. A cet heure tardive l’accueil est bien entendu fermé mais je n’ai plus le temps pour les scrupules. Je me glisse à l’intérieur, monte la tente en quatrième vitesse car je suis littéralement manger par les moustiques. Je m’effondre, finalement vaincu par la fatigue.