2023
12.31

Par chance et aussi par vouloir – 🧭 🙏 – 2024

Ainsi, 2023 se termine. Et laisse derrière elles les souvenirs de milles escapades dominées par le trop grand Paris-Brest qui nous aura occupé la moitié de l’année.

Mais cela valait le coup ! Pour le périple lui même et surtout pour cette folle envie de s’entraîner qui nous aura poussé à chercher nos limites véritables…

Ceci étant dit, quelque chose aussi a changé… Si les records et les chiffres constituaient jusque là presque une obsession, il deviennent de plus en plus secondaires…

Il est donc bien possible que 2024 soit l’année des papillonnages pour le seul plaisir d’aller encore le nez au vent… Car là réside le sel de ce sport d’albâtr(os)e…

Le ciel est rose dans mon rétro
Le printemps pose des bécots sur les collines
A l´Ouest obscur passent des hermines
Des renards, des cygnes et les chevaux d´Arthur

Je file je roule sur la route de Quimper
Où le monde est celtique
Où les canards sont bleus
Sur les herbes jaunies du mont Frugy
D´autres feuillages poseront leurs ombres

Je vous dis à bientôt.
Le cœur resté épinglé sur ce manège où les chevaux faisaient la ronde… A vous toutes et tous, je souhaite des rires, des sourires et beaucoup, beaucoup de joie très simple…

Et hop, une dernière sortie sous la pluie ce 31 décembre pour marquer la 2000ième depuis la création du site en 2009. 292 jours de vélo ! C’est là que l’on comprend qu’il s’agit d’un loisir chronophage !!!

2023
12.16

🧲 R-Pôle-R


Résumé

Crêt de l’Oeillon

Il est de ces journées d’hiver où les cyclistes préfèrent la plaine, et délaissent les merveilles que l’on peut trouver par-delà les brumes, si tant est que l’on soit sensible au magnétisme des forces terrestres. Parti sans grande conviction pour ce qui devait sûrement constituer le dernier petit-Pilat d’une année somme-toute riche en émotions cyclistes, j’ai fini par me hisser au grand repère du Mont Pilat. Le crêt de l’Oeillon étincelant de givre sous les températures polaires de ce beau weekend de décembre. Le crêt de l’Oeillon, l’une des vues les plus prisées sur les Alpes qui du Nord au Sud s’étalent à l’Est. Je resterais quelques minutes, tantôt aveuglé par les nuages pailletés puis, en instant seulement, conscient d’une vue portant au moins jusqu’au Mont-Blanc… De mon perchoir, j’ai vu deux autres cyclos. Un gars, une fille qui pourront témoigner qu’il est tout à fait possible, de rêver les yeux ouverts…

Crêt de Botte

Une ascension mémorable et l’occasion de partager, comme j’avais pu le faire pour Pierre-sur-Haute, un reportage qui régalera les épi-curieux que nous sommes…


Les Antennes (Reportage vu sur télé-7)

 

Le crêt de l’Oeillon qui culmine à 1234m sur la commune de Chavanay, un point remarquable sur notre région. L’Oeillon, coiffé de sa célèbre antenne, fait partie de ces cols qui ont une force d’attraction… magnétique. TDF installera ses antennes dans les années 50 permettant à de nombreux habitants d’avoir la TV. De 1950 à nos jours l’histoire des antennes du col de l’Oeillon…


Parcours

 

Descriptif :

GPX : R-Pôle-R
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Ville de départ : Sorbiers (42290)
Difficulté : Moyenne
Distance : 106km / D+ : 2450 m
Durée : 5 heures 08
Sport : Cyclisme Route


2023
12.03

Nocturne – « 98°Roanne-Thiers » entre frères

Et de trois ! Dix ans après ma dernière participation et quatre ans après une variante mémorable avec Papa, me voici une nouvelle fois au départ de la doyenne dans le sens Roanne – Thiers cette année. Ce n’était pas prévu. Et je n’en avais pas très envie. Mais les nombreuses relances de Nicolas (qui réussira lui aussi bravo à lui) et la possibilité de participer avec mon frère ont eu raison de mes excuses. Trop long, trop de route, trop froid… Oui mais une nuit comme ça, aussi magique, avec cette foultitude de marcheurs libres déambulant au clair de Lune. Cela ne se refuse pas. C’est un défi. Mais aussi une grande chance qu’il faut savoir saisir !

Il est 10heures et cette fois notre compte est bon. Moi. Cédric. Deux physiques pas très solide qui malgré leur bonne volonté ne tiennent décidément pas la distance. Cédric à mal à l’aine, au genou. Mais surtout à l’aine. Alors j’use de divers stratagème pour le maintenir en vie. Imaginant de nouvelles diversions à chaque passage de la navette. Le motivant. L’incitant à y croire, à continuer malgré ses grimaces. Parfaitement inquiet de le voir abandonner, un soulagement furtif je le sais mais aussi de longs regrets… 11heures, plus que 6 ou 7 kilomètres et c’est mon tour. D’abord une inflammation à l’intérieur de la cheville, dérangeante, mais pas bloquante. Puis le genou, une douleur aiguë à l’extérieur et que je connais trop bien… Pas le choix, j’ai trop poussé mon frère dans ces retranchements (sens propre et figuré) pour me laisser abattre. Il nous faut continuer, car de toute façon, nous irons au bout.

Midi et demi. Nous y sommes, Thiers et sa grande salle où s’entasse les corps meurtris de ceux qui ont vu un peu trop grand, les esprits toujours vifs de celles et ceux pour lesquels l’aventure était quand même un peu trop facile. Trop plat, trop court, trop chaud. Je ne comprendrai jamais comment font ceux qui s’adonnent à la discipline et finissent comme s’ils avaient pris le bus… C’est comme ça. Les limites des uns ne sont pas celles des autres et chacun doit s’éprouver pour apprendre à se connaître. Quand à nous deux, nous sommes allez au bout. Là où les lignes se fissurent et se dispersent. Là où ne voudrions plus jamais aller mais là aussi où l’on se plaît à se surprendre. Aujourd’hui, dans ce bus qui nous ramène à Roanne, je n’ai pu m’empêcher de penser que malgré les galères et les blessures, mon frère s’est quand même forgé un super mental. Plus rapide plus costaud. Peut-être juste moins régulièrement entraîné à y croire que moi…

Thiers, après 57kilomètres et une nuit blanche, les traits sont tirés mais le bonheur d’en terminer jamais aussi fort ! Chapeau au frangin, qui termine sa première nocturne et possiblement pas la dernière !!!

Roanne – Thiers 2023, 2400 marcheurs, Nicolas, 2 frères, 57 kilomètres, 1600mètres de dénivelé et moins 10degrés le matin. Pas simple mais un genre d’épreuve magnifique quand on y pense. Dans cette grande salle où s’entassait jusque dans les gradins les marcheurs les plus fous. Des hommes, des femmes, des familles de tout bord. De la couleur et un but gratuit. Celui de se faire plaisir, sans compétition ni récompenses. Juste une nuit à s’offrir, perdus quelques part entre les cimes enneigées des montagnes du soir et la voûte étoilée. Marcher ! Animés par une histoire d’apéro à honorer. Je me souviens de chaque départ. 2011, au pas de course, 2013 calqué sur la foulée d’un Philippe concentré. 2019, blessé au départ et bataillant pour suivre le rythme effréné d’un père tout bonnement déchaîné. 2023, de grands compas maladroits dans la foule des petits pas. Mon frère a besoin d’espace pour s’exprimer. Manquant d’air dans la foule compacte qui crisse et qui scintille. Des bâtons dans les pattes. Des pleins phares en action. Émerveillant la campagne, énervant des chiens qui décidément ne comprennent rien. Premier ravito. Deux frères gobelets « vaches qui rit » et « boite à meuh » se rendent volontaires au numéro neuf.

Sous les tonnelles détonnent l’odeur épicée du vin chaud. Sous les tonnelles réchauffent la vapeur brûlante s’échappant de nos tasses. Sous les tonnelles, le bruit des autres et ce sentiment d’assister à une scène étrange. A l’heure où les gens censés dorment dans le bon sens. Et où les insensés rêvent debout les pieds glacés. Derrière nous déjà les tonnelles disparaissent, nous abandonnant fragile aux affres de la nuit. Plus de bitume sous nos pieds mais cette sensation de mordre un sol gelé truffé de pierres. Les ombres dansantes, des arbres en farandole. Se jouant de notre ombre, inconstante et vivante sous la lumière des torches. Qui lorsqu’elles se lèvent s’allongent à n’en plus finir. Pour revenir,  soudain, se réfugier sous nos pieds. Nous venions d’atteindre le chemin de crête. Où la brise souffle à en frémir. Mes joues, mon nez, mes oreilles disparaissaient et je comprenais maintenant pourquoi dans ses représentations le visage de la lune était si doux. La nuit ne se révèle pas. Elle nous confond. Être humains sommes toute si semblables dans la fraîche pénombre. Sur le ruban brillant et glissant, tous, nous avancions. Sans que personne n’ai l’idée déroutante de faire demi-tour.

L’antre de Saint-Just-en-Chevalet. Sa grande salle et ses bénévoles hélas trop souvent éblouis. Mon frère surtout avait vu juste. Déclenchant l’ire de la fois de trop. « Vous direz à votre copains de bien vouloir éteindre ses spots… » – « Mais comprenez, pour une première, et les doigts figés… » –  » Café, thé, chocolat ?  » –  » Ce sera un thé s’il vous plaît, et les choses sont si vite oubliées !!! « 

Déjà 25 kilomètres, et nous allons entamer ce qui constitue l’essence du Saint-Thomas, ce dont on se rappelle. Saint Thomas, le patron de ceux qui persévèrent sous l’emprise du doute… Le col marquait notre retour sur la grande route. Traitée. Salée pour notre plus grand plaisir. De petits groupes s’étaient formés. Reliés les uns aux autres par les traits photoniques de nos lampes à LED.  Diodes électroluminescentes. En voici un nom bien charmant pour ce que nous nommions encore il y a peu, ampoules. Marcher ! D’îlots de lumière en faisceaux argentés. Sans que nous nous en rendions compte, le calme s’était installé. Seul subsistait les pas et le son de la nuit qui n’est pas le silence mais bien autre chose. Insaisissable et enveloppant. Une bulle savoureuse et un privilège dont la vie moderne nous a privé. Celui des pionniers. Celui des ancêtres et des Cro-Magnons qui, à la faveur d’un feu crépitant regardaient vers le ciel. Reconnaissant entre deux étoiles les fils délicats dont les constellations sont tissées… Marcher la nuit, c’est un peu ça. S’offrir une digression interdite dans un monde qui pourtant est notre. Se détacher du réel et réapprendre à rêver… A ce qui nous échappe. A ce qui nous dépasse.

Au cœur d’une nuit enneigée, l’arrivée au col de Saint Thomas est grandiose !!!

Perdu sans repères j’avais un instant délaissé mon frère qui marchait quelque part, seul mais entouré. Je l’attendais. Forçant mes yeux fatigués pour reconnaître le gilet honorable que je lui avait prêté. Gilet floqué d’un plastron rouge et de bandes verticales et lumineuses. Le gilet du Paris-Brest est reconnaissable. Mon frère aussi. Il arrivait à son tour, de ses grandes enjambées pourtant moins souples qu’à l’accoutumée. « Ça va ?  » –  » Ça va, et toi ?  »  » Bien, mais ça commence à tirer !  » Le Saint-Thomas, son brasero rougeoyant et des sapins ployant sous le poids de la neige. Une nuit magique. Ses marcheurs aux traits tirés qui tour à tour se pressent devant le panneau. Cette photo est un passage obligé. Une attestation prouvant que vous l’avez fait. Je garde précieusement l’image de mon père au sommet. Comme je garderai précieusement celle de mon frère sous une nuit boréale. L’instant, fut-il fugace, restera gravé.

Et cela vraiment, valait le coup… !

2023
11.19

Marche Beaux-Firminy 👣😅

Prendre le bus en direction d’une ville dont le nom est Beaux,

Fondre dans la foule des leggings et gilets colorés,

S’enfoncer dans la nuit, accompagné de son père et de son frère,

Quelques mètres derrière un couple d’amis et d’aventures,

Tous prenant soin d’écouter le rythme de leurs pulsations propres,

Dans ce tableau qu’un trait de brume rend incomplet et mystérieux

Abandon total, sans la moindre hésitation…

Puis la douce obscurité peu-à-peu s’évapore,

Dévoilant les Sucs auxquels s’accrochent des franges cotonneuse,

Ainsi se révèle, pudiquement, celle que nous appelons la Haute,

Hésitante en cette saison de bascule,

Entre la pâleur duveteuse et l’irradiante chaleurs des couleurs de l’automne,

Nous marchions, langue et foulée désormais déliées,

Randonnée affolante. Confolente et déconcertante…

Plus loin encore, dans cette progression voulue et souriante,

Résonne un pays rocailleux et grandiose lové au sein de gorges,

Vibrantes du murmure agréable d’un cours d’eau nommé Semène,

Où la Tour d’Oriol se fait depuis longtemps gardienne,

Marchons, marchons, rêvons toujours,

Avancer, s’rassembler, sans flancher, enjamber

Firminy, un rideau cousu de fil d’or clôture la scène…

Et les acteurs adorent… 😉

2023
11.11

Sambonitaine 2023


Résumé

Un très joli tracé encore qui nous a amené jusque dans les gorges de la Loire 👌 Un beau final pour la der de l’année, roulé en géométrie variable Squadra/TeamSaintJust/Chalain/LFC… 🤝

Après une impasse de quatre ans, la Sambonitaine revient au programme de fin d’année, pour mon plus grand plaisir. Des parcours toujours top et un peu renforcé par rapport aux dernières éditions auxquelles j’ai pu participer. Il y a une vraie demande de ce coté-ci, une bonne partie des randos allant vers plus de facilité afin de préserver les batteries des VAE de plus en plus nombreux… Mais cela aurait été trop triste avec une entente aussi valeureuse que celle qui s’est aujourd’hui formée.

Car si le secteur des gorges, assez techniques, nous a il faut bien le dire produit certaines sueurs, le reste n’a été, sur ces beaux chemins sableux de ce petit coin de Loire, qu’une formalité. Roulant des chemins enchantés où les mélèzes prennent déjà leur joli dégradé orangé, nous avons géré sans heurts cette dernière rando organisée de la saison, avant de partager, sur une tablée impressionnante, la ration traditionnelle du Vététiste affirmé… 🙂

La présentation du parcours : idem au 53km mais avec ce supplément dont vous nous donnerez des nouvelles ! Une boucle quelque peu explosive à aborder au km 23, de quoi tester votre technique et votre endurance. Mais en récompense vous aborderez des chemins encore inexplorés en 27 éditions de Sambonitaine ! Passé le 3ème ravito (ravito 2 du 53km), le parcours sera commun au 53km. Nous espérons que vous allez vous régaler !

 


Parcours

Descriptif :

GPX : La Sambonitaine 2023
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Ville de départ : Saint Bonnet-le-Château (42380)
Difficulté : Moyenne
Distance : 74km / D+ : 1850 m
Durée : 6 heures 00
Sport : Cyclisme VTT


2023
11.02

Fuego, Killian Bron

Nouvelle offrande très très documentée du vététiste le chanceux du monde !!!

2023
11.01

#LaPlanèteAuxMilleEtUneCouleurs 🎠

la Pecelière à Saint Heand

En ces temps troublés, une sortie VTT dont je souhaite me rappeler,
Si l’envie au petit matin n’était pas fulgurante, il aurait été dommage de passer son tour,
Car ce n’est pas un mais bien deux miracles qui se promenaient sur les chemins,
Sourire exquis d’une très belle planète et d’un satellite naissant,
Instants magiques, qui font chavirer le cœur.

2023
10.28

#RoseDesVents – Saint Bel…(Rhône)


Résumé


Une quatrième Rose des Vents ( Villerest/LoireLe Mayet-de-Montagne/AllierChauffailles/Saône-et-Loire ) ce samedi pour la valeureuse équipe des bouffeurs de vents. Une belle trace made by Nico (et le CC-Villars) et réalisée malgré un risque de pluie qui s’avérera justifié aux entournures du col de Malval et de la Luère. Nul Christian cette fois ci puisque descendu faire bronzette pas très loin de la croisette mais un Jean-François qui décidément appuie fort et nous démontre un peu plus à chaque sortie ses aptitudes pour la longue distance…

8 heures 30, rendez-vous est comme à notre habitude donné aux feux du carrefour de la route de Chambles à Saint Just-Saint-Rambert. Le décor a malgré tout un peu changé puisque l’ancienne caserne des pompiers Pontrambertoise a été rasée pour laisser la place à une toute nouvelle résidence de standing. Comme on dit.

Tout le monde est bien à l’heure, et c’est donc un peu en avance que nous nous élançons, non sans avoir souhaité un joyeux anniversaire 🥂 🎂 à Nico qui comme nous tous en a déjà plantée quelques-unes 🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️🕯️…

Et dès les premiers kilomètres je sens que ce parcours là va me plaire. Faisant part belle aux Monts du Lyonnais et à ses routes indécises. Montantes, descendantes, jamais plates ou ennuyeuses… Fontanès, Duerne, Malval et la Luère où pour la énième fois depuis le début de l’année je crève. Col de la Croix du Ban dont j’avoue je connaissais la rudesse du raccourci fléché dans lequel j’entraînais les copains (« qui aime bien, …« ) et puis Saint Bel qui marquait le but de cette journée. Saint Bel où nous mangerons un bout. Saint Bel où Nico arrosait son nouvel âge. Il nous fallait encore effacer la longue montée qui mène aux auberges, et attraper quelques bestioles encore entre Essertines et Virigneux. La vie est un ainsi faite. De haut, de bas, et puis surtout, de haut.

« Comment font-ils, ceux qui sassent à l’ombre des tours toute la journée ? » J’eus envie de lui répondre sur le fond : « Ils regardent les palais perchés là-haut et ils rêvent d’un véli-vélo, voilà comment ils font ! Un seul racleur qui réussit suffit à faire croire aux autres qu’ils ont tous leur chance. » Bref, un parcours à faire connaître 😉


Fiche

Descriptif :

GPX : #RoseDesVents (69)
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Départ : Saint-Just-Saint Rambert (42170)
Difficulté : Moyenne
Distance : 156km / D+ : 2300m
Durée : 6 heures 58
Sport : Cyclisme Route

2023
10.21

Château de Grangent: un pacte avec le diable

Autrefois perché à 50 mètres au-dessus des Gorges de la Loire, le château de Grangent renferme quelques légendes… Dont certaines font froid dans le dos.

Le Château de Grangent et les Camaldules, thème de la Rando-Resto de cette année.

Il était une fois, le château de Grangent. Posé sur une île, l’édifice étonne toujours celui qui le découvre pour la première fois… Mais les gens du coin ne s’y trompent pas, et nombreux sont ceux qui sauront vous rapporter quelque légende à son sujet.

Dans la plus fameuse d’entre elles, l’on raconte que le château était autrefois aux mains d’un redoutable seigneur, lié au diable par un pacte. Amoureux fou de la jeune bergère Pâquerette, le châtelain demanda au diable de la lui donner en épousailles. La nuit de Noël, alors qu’elle s’en allait le long des chemins au bras de son père pour assister à la messe de minuit de Saint-Victor, celle-ci fut enlevée par les soldats du vil sire de Grangent, et, refusant de l’épouser car promise à Dieu, jetée au cachot.

Le seigneur, aussi furieux que malheureux, s’en prit alors au diable, l’accusant de ne lui avoir accordé Pâquerette que pour mieux le tourmenter. Le diable, lassé d’entendre ces injures, apparut une nuit dans la chambre du seigneur, qui, oubliant à qui il avait à faire et laissant exploser sa rage, le menaça de son épée.

Satan, excédé de tant de rébellion, disparu dans un glacial éclat de rire… Se promettant de faire taire celui qui refusait de se soumettre à son autorité.

Plusieurs mois passèrent et, alors que revint la nuit de Noël, le père de Pâquerette, inconsolable depuis la disparition de sa fille bien-aimée, était sur le point de mourir. C’est alors qu’une sourde détonation retentit dans les Gorges de la Loire : un éclair venait de frapper la citadelle de Grangent, et sa tour était en flammes.

En levant les yeux au ciel, les habitants en route pour la messe de minuit purent apercevoir un dragon emportant dans sa gueule le seigneur, hurlant de douleur. Au même moment, la porte de la bergerie s’ouvrit, et Pâquerette pu embrasser son vieux père une dernière fois. Toute sa vie, Pâquerette refusa de se marier.

Une chapelle fut érigée en sa mémoire, et on appela « Le Guêt » l’endroit où elle disparut la fameuse nuit de son enlèvement, entre Chénieux et Saint-Victor.

D’après Les Foréziennes de René Clairvaux

D’après « Tour du barrage de Grangent, un territoire remarquable » | 2022

2023
10.21

Le Baron Noir

Un grimpeur maigre. En morceaux secs, arides, ossus. Des mollets d’un feuilleté tendineux. Il traverse la vallée de Chevreuse. Il agit dans le sombre et pactise sous le couvert des bois.

Près des ruines de Port-Royal fleurissent des pentes étroites. Elles font un tremplin vers le ciel. C’est le lieu d’une retraite, un début d’abandon. Beaucoup d’arbres, peu d’humains. La plaine s’effondre sur des solitudes. C’est un paysage en repli où passe les pentes d’un souffle.

On sait qu’il montait vite. Il arrivait dans le dos. Le courtier passe l’ardoise sous la manche ; il effaçaient les pentes d’un souffle.

Il n’existe pas d’image de lui. Il allait vêtu de noir, sans visage et sans voix. Les montées douces et raides étaient sa possession. Il vivait d’exploits gratuits, annulant ses pouvoirs où finissent les ascensions. Au commencement des plaines il s’évanouissait.

Il s’échappait en fantôme des ruines jansénistes.

Il prenait la couleur des foins derrière un mur de grange. Il se transformait en pierre comme les chamans. Il roulait sur un vélo noir comme ses cheveux.

Les coureurs parisiens s’entraînent depuis un siècle dans cette vallée en falaises et en effondrement. La côte de Buc, celles de Saint-Rémy, de Chevreuse, la côte de la Madeleine, celles de Port-Royal et de Châteaufort, la côte des Dix-Sept Tournants, la côte de l’Homme mort. Nombreux l’ont vu filer sur des parodies de monts.

Trois générations ont façonné un portrait en morceaux. Les cyclistes s’accrochaient à sa roue, notant un détail neuf. C’est un fait reconnu qu’il foudroyait assis, le buste immobile. Il allait dix kilomètres plus vite sans un remuement.

C’était un rôdeur fluide.

Il avait surgit une première fois à la fin des années soixante-dix. Il allait sur un vélo noir à six pignons. Il était jeune, mais il roulait plus vieux que son âge. Il avait brûlé l’arrogance dans son sang. Il laissait un sillage calme, ne se retournant pas, suivant comme Quichotte des invisibles. Il doublait large par la gauche. Il évitait l’air du temps.

C’est un sprinteur de Boulogne, foudroyé dans sa roue, qui trouva un surnom.

Le Baron noir.

Les coureurs l’attendaient en groupe, le sourire en coin ; ils gardaient une angoisse au cœur et le doigt sur la manette du dérailleur. Le Baron noir surgissait vite et tôt. Les hommes jeunes se liguaient derrière lui dans des grincements. Saison après saison ; des coursiers en pleine fraîcheur ont sprinté sur son ombre, son morts à son pédalier ; se sont effondrés, poumons en feu, au verdict de ses lèvres closes.

C’était un spectre de feuilletons pour enfants. Il propageait l’onde d’une vengeance. Il donnait la justice sous les arbres, dans les vaux de Cernay.

Son vélo n’émettait pas un bruit, homme et machine allant sur le même serment.

Vingt ans plus tard, le Baron noir était toujours là. Il paraissait moins souvent. Il doublait moins vite les coureurs, mais il les doublait. Un jeune de Corbeil le pistait depuis des mois. Il voulait être le premier à briser le sortilège. C’était en mai. Il allait prendre le chemin du retour. Il avait la nuque douloureuse à force de regarder dans son dos. Comme il entamait la rampe de Choiseul, il entendit le sifflement que les anciens avaient dit. Le sifflement des boyaux de soie.

Le jeune homme se retourna. Le Baron noir était là. Il allait vite et droit. Il ne regardait pas. Le coureur de Corbeil découvrit une peau sombre et creusée, des tempes déjà claires et un rictus où la douleur dormait, sous une glaciation. Le Baron était vieux, il avait plus de quarante ans. Il enroulait un plateau de fort diamètre sur un vélo à six vitesses, à manettes et leviers. Le soir, face à l’entraîneur, le jeunot s’excusa. Il avait tout donné et joué des vingt vitesses à clenche automatique, rien n’y avait fait. Il était temps d’en finir – le vieux se haussait peut-être aux poisons. Le garçon avait eu le temps de relever sur le cadre du Baron un début de lettrages surlignés à la main, frangar quelque chose. Le vieux l’avait décroché. Il n’avait pas eu le temps de voir la fin…

Extrait Forcenés, P. Bordas, émission France-Culture recommandée 😉