2022
08.11


Résumé

Eléphantine, je l’ai construite de toutes pièces en 2015, avec l’idée en tête d’en faire un vélo pour voyager. Le premier périple effectué en sa compagnie fut la Loire à Vélo, un raid au fil de l’eau réalisé en autonomie complète grâce à son association avec une remorque Bob Yak. Il y eu ensuite quelques voyages, mais avec sacoches pour gagner encore en liberté cette fois-ci. Comme la Stevenson ou bien encore un tour inoubliable d’intensité réalisé selon la règle des 100kilomètres qui a suivi le premier confinement. Il y eu aussi quelques bêtises…. Et puis c’est tout, car j’avais entre-temps découvert le bikepacking et les joies de voyager léger. Pousser la machine dans ses derniers retranchements, avaler les kilomètres du matin au soir, faire défiler l’infini rouleau des paysages !!! Nancy/Villars, Saint Etienne/Nice, Saint Etienne/le Phare des Baleines… A chaque fois, voir mon petit point se déplacer à toute allure sur la carte suffisait à m’émerveiller. Je ne comptais ni les heures, ni mes efforts… Seul l’allure de ma progression avait grace à mes yeux, ainsi que  l’étirement joyeux d’une journée, du lever au coucher du Soleil.

Et puis cette année cette idée d’éléphant traversant les Alpes m’a interrogé. Comment auraient été perçus ces animaux, si lourds, si puissants, si nous les avions affublés de si petites sacoches ? N’auraient-ils pas eu l’air un peu ridicules ??? Leur force n’est certainement pas leur vitesse ni leur fougue. La veritable force que nous respectons est l’inaltérable patience qui en résulte… Une force tranquille, trop souvent invisible dans la loi de la jungle…

Le constat posé j’ai écrit à l’amicale cyclo Pavillaise pour annoncer mon forfait à l’Hannibal Rider. Mais je partirai, tout de même. En solo et le plus fidèlement possible suivant le code des Eléphants. Eléphantine (autrefois appelée Bob Straggler ou Modestine) me semblait toute indiquée. Lourdement équipée, un cadre acier, des trains roulants de VTT, de grands volumes d’étoffes  rouges pour les bagages. Seize kilogrammes auquel il faudra rajouter le poids de l’eau. Auxquels s’ajouteront encore ceux des bagages… Vêtements chaud, duvet, tente, nécessaire de toilette, nourriture… 18kg en tout, sacoche et manche de brosse à dent comprit. C’est en pensant confort que je les ai remplies. Je savais pourtant que plus je serais lourd, plus mon périple serait lent. Mais c’est bien ce que je cherchais… 36kg et 64 qui font 100, une somme enfin digne pour une sortie pachydermique…

31 juillet 2022, nous y sommes. Le départ officiel d’Hannibal sera jour de mon départ. Comme en 2020, je jour du dépassement est dépassé. Je me refuserai donc à prendre la voiture pour aller pédaler mais me concocte, à la place, une étape spéciale qui de Chevrières me conduira à Tournus, via Charolles, pour y trouver la trace de l’Eléphant…

Il me faudra un peu de temps encore pour digérer tout ce que j’ai vu durant ce voyage, pour que j’emboite et réorganise mes souvenirs rendu quelque fois vaporeux par la chaleur suffocante qui pendant des jours à frapper mon crâne fort fort heureusement bien abrité. Mais je n’ai que très rarement fait de parcours aussi complet. Le travail du traceur a été phénoménal et j’ai circulé à petite allure d’une friandise à l’autre. Parfois excessivement sucrées mais toujours harmonieusement parfumées. Dans ce voyage solo pas une seule fois je ne me suis ennuyé. Et quand Saint Etienne fut approché, c’est un peu triste que j’ai pédalé. J’aurais bien voulu pouvoir encore et encore vagabondé ainsi, d’un camping à l’autre, d’une boulangerie à l’autre, de sommets en sommets, de petits miracles en tours de magie, de photos en photos… D’ailleurs des photos j’en ai pris des centaines que j’ai rassemblées en petit album accessible ici : https://photos.app.goo.gl/3yj29Z6XDQSr1iPJ9

 

 

Nous voici donc au terme de douze jours de voyage à travers les Alpes, de Saint Etienne à l’Iseran, par le Jura et le Vercors… Un total de 1300km pour 26000m de D+ basé sur une trace exceptionnelle, celle de l’Hannibal Rider, un brevet fédéral organisé par le club de Pavilly. Une compagne de route incroyable aussi, Eléphantine, un petit 36 d’après elle mais disons-le plutôt 38kg… Déhanchement d’allure un peu pataude mais comme je l’avais souhaité une démarche imperturbable… Une trace royale, fruit d’une succession de territoires et de paysages, sans aucuns temps morts, des moments de joies intenses et parfois des doutes terribles… Du temps pour ne rien faire, des soirées entières passées à contempler les étoiles, des nuits pleines sous la tente… Rien que du beau temps, des centaines de photos et d’émotions gravées, des ami·e·s par pur hasards rencontré·e·s, des murmures et des songes…

 

#Jour…1 : >> Charolles ;

– la plaine du Forez, mon père et mon frère qui m’accompagnèrent ;
– les gorges de la Loire, le château de la Roche ;
– le canal du centre liant Saône et Loire ;
– la première installation parmi les cris des gamins.

 

#Jour…2 : >> Saint Julien-sur-Suran ;

– le bocage charolais ;
– Tournus la belle ;
– une Saône-et-Loire bucolique ;
– mes premières cueillettes.

#Jour…3 : >> Champfromier ;

– le vert émeraude du barrage de Vouglans ;
– les cimes Jurassienne ;
– le village de la fille du coupeur de joins, les murs de tavaillons ;
– Laurent qui accepta de couper l’électricité du VTT pour faire avec moi un bout de chemin…

 

#Jour…4 : >> Annecy ;

– le Bugey par les cols de Richemont et du Grand Colombier ;
– la route des crêtes du Valromey, une belle découverte ;
– les Gorges du Fier prodigieuse ;
– les montagnes devant soi et une Annecy animée comme jamais ;
– ce petit jeune descendu à vélo de Normandie pour ses études à Thônes…Coloc d’une nuit.

#Jour…5 : >> Praz-sur-Arly ;

– le plateau des Glières et l’émotion ressenti la haut face aux actualités ;
– le col des Aravis et l’assistance (eau et ombre) apportée par un futur Paris-Brest… 😉👍 ;
– l’énervement face au connard qui mit trois plombes à dégager son bolide garé sur mon emplacement… ;
– la pluie qui fit tomber la température.

#Jour…6 : >> Bourg-Saint-Maurice ;

– la belle montée du col des Saisies rafraîchi par les pluies de la nuit ;
– la rencontre fortuite avec Henri et un mec de Montbrison à Arreche-Beaufort ;
– l’inoubliable montée du col des Prés et cette vue imprenable sur le barrage du Cormet ;
– le Cormet de Roselend, pour moi l’un des plus beaux cols alpins ;
– l’orage qui me coinça dans le bloc sanitaire jusqu’à 2h du matin…

#Jour…7 : >> Modane ;

– l’Iseran et Marguerite que je croisais par un joli hasard à quelques encablures du sommet ;
– le coup du moineau que l’on transforme en tarte aux noix. La fatigue et ses miracles ;
– la descente sauvage sur Bonneval-sur-Arc, le cri des marmottes ;
– les forts de l’Esseillon et la redoute Marie-Thérèse…

#Jour…8 : >> Bourg d’Oisans ;

– l’enchaînement Télégraphe/ Galibier avec des jambes de feu, Patrice que je croisais à la sortie de Valloire ;
– le col de Sarenne et la piste merveilleuse qui permet de rejoindre Auris par le col de Cluy ;
– les balcons d’Auris, route en corniche aux aplombs vertigineux ;
– l’accueil chaleureux réservé par le camping de la Cascade…

#Jour…9 : >> Lac du Sautet ;

– le somptueux Solude et sa dernière partie Gravel ; Un bras d’honneur pour l’usine de l’Alpe ;
– l’heure passé debout, dressé sur les pédales et pouls aux tempes à batailler face au Parquetout ;
– l’agréable ascension du col du Noyer et son arrivée magique sur le Champsaur ;
– la négociation avec le gérant du camping, mi- gitan mi cowboy, pour trouver une petite place entre deux tentes ;
– la lune sur les montagnes, son reflet dans le lac…

#Jour…10 : >> Die ;

– l’épuisement ressentie dès le matin, une journée difficile… ;
– le col de Menée et les souvenirs vivaces d’un Paques-en-Provence en compagnie de la Squadra (Feurs) ;
– la chaleur Drômoise, la clairette et les villages d’artistes ;
– le sommeil difficile du vraisemblablement à un excès de petits culs, piscine oblige…

#Jour…11 : >> Saint Vallier ;

– l’âcre fumée des incendies noyant Die et sa région. La montée du Rousset dans le smog, yeux en pleurs et gorge qui gratte ;
– les couleurs blé-ciel du drapeau Ukrainien flottant sur Vassieux-en-Vercors ;
– le cirque de Combe-Laval, le col de la Machine et ses routes suspendues ;
– le Rhône, coulant large et parfaitement bordé ;
– les deux mecs louches, musique de crétin et œil vitreux venus gâchés les dernières parts de pizza que je mangeais tranquille sur un banc. Une pizza excellente au demeurant…

#Jour…12 : >> Chevrières ;

– la vallée de la Cance et son sillon de verdure entre Rhône et Ardèche ;
– le col ombragé de la Charousse, l’odeur des bois fraichement coupés ;
– les vastes étendues des Hauts Plateaux, dieu qu’ils sont grillés cette année ;
– les gorges de la Loire, la tour de Chambles, et le frisson de retrouver son pays ;
– la fin d’un nouveau western, la fraîcheur du saloon, la magie des retrouvailles….

Mes remerciements les plus sincères à Eléphantine pour ne pas m’avoir laissé en cours de route, ainsi qu’à toutes les personnes qui m’ont suivi et souvent aidé, bien plus qu’elles ne s’en doutent, grâce à leurs gentils messages de soutiens et d’encouragements… Un immense merci à Patrick Chrétien ainsi qu’à tous les membres de l’Amicale Cyclo Pavillaise. Durant ces 12jours, grâce à vous, j’ai rêvé. Avec d’un côté le petit regret de ne pas avoir pu participer à l’Aventure complète (Aventure que je n’aurais de toute manière pas pu mener au bout…). De l’autre le bonheur d’avoir pu, sur cette aventure écourtée, vivre un voyage en pleine autonomie, sans contraintes et avec tout le temps que j’ai eu envie de prendre pour en profiter. La trace passant à Saint Etienne, je ne m’interdis d’ailleurs pas de repartir un jour sur la deuxième boucle du huit, en direction de Pavilly et en bikepacking cette fois… 🐦︎🍻🙂

 

Le puissant Hannibal aurait dit un jour …
« Nous trouverons un chemin… ou nous en créerons un… ».

Mais lui avait une armée et de vrais éléphants…

Je préfère finalement penser que …
« Celui qui désire déplacer les montagnes…
commence déjà par enlever les petits cailloux de ses chaussures…
 »

Parce que 50 kilomètres chaque jour, c’est déjà voyager… 😉

 

Le temoignage d’Olivier Januario


Fiche

L’intégrale d’Hannibal

L’extrait d’Hannibal, au départ de Saint Etienne…

 

Descriptif :

GPX : #HannibalRider
Pays : France
Région : Rhône-Alpes
Dépt : Loire
Départ : Chevrières (42140)
Difficulté : Moyenne
Distance : 2 500 km (fait 1300) / D+ :  39 000 (fait 26 000)
Durée : délais 130heures (fait 102 heures / 12 jours)
Sport : Cyclo-camping


Film

« Nous trouverons un chemin… ou nous en créerons un… »

Pensif. Songeur…. 🤔

 

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