2017
04.08


Résumé

Descriptif :

GPXParis-Roubaix
Pays : France
Région : Hauts-de-France
Départ : Busigny (59137)
Difficulté : Haute
Distance : 172km / D+ : 500m
Durée : 7 heures 06
Sport : Cyclisme Route

Que ce soit pour les professionnels ou pour les cyclotouristes comme nous, Paris Roubaix reste une épreuve hors normes et insaisissable. Du premier kilomètre à l’entrée sur le vélodrome tout peut arriver, sur la route ou avec la météo. Nous en avons une fois de plus fait l’expérience car même avec le beau temps que nous avons eut, il a fallut ferraillé dur pour s’extraire de ces secteurs qui semblent vouloir sans cesse vous jouer un mauvais tour.

Assis dans le bus qui nous mène à Busigny, j’essaie de me détendre du mieux que je peux. J’en ai tellement entendu parlé, tellement rêvé. Cette journée sera mon baptême du feu sur les pavés. Et je les redoute au moins autant que je les espère ! Les discussions vont bon train …. Flamands, Anglais, Allemand, Hollandais….. L’Europe entière semble s’être donné rendez-vous. C’est beau, et dire qu’en cette période électorale, certains veulent faire machine arrière…avec comme risque de revivre, peut-être un jour , le véritable enfer du Nord….

Pas de départ groupé aujourd’hui, la difficulté du parcours rend inutile et dangereux tout chronométrage. Nous profitons d’un café chaud avant de nous élancer en grappes de quelques coureurs. La route s’ouvre devant nous, tandis que la brume légère du matin retarde le moment de vérité. Troivilles à Inchy. Un premier secteur long de 2,2km, de niveau 3 sur une échelle en comptant 5. Aujourd’hui, le pavé est sec. Le groupe se disperse, se disloque dans ces premiers mètres légèrement descendant. J’empoigne fermement le cintre, prenant soudainement conscience du challenge qui m’attend. Il reste 55km, 55km…!

Les bidons vibrent dans leur cage, les boyaux tapent contre les jointures, le dérailleur s’escrime à garder tendue une chaîne qui semble vouloir s’échapper. Ça cogne, ça craque….Biceps et mollets sont soumis à rude épreuve. Tout semble ici vouloir foutre le camp. Bidons et lunettes gisent déjà au sol. J’enroule le grand plateau. Rester en prise comme dans le Ventoux par grand vent. Maintenir la cadence et l’allure. Car « Plus tu pédalera fort, et moins ça te feras mal longtemps« .

En 2005 paraissait L’Aigle sans orteils dans la collection  » Aire Libre « . Justement récompensé par de nombreux prix, dont le Grand Prix RTL, ce fut le premier volet de la trilogie que Lax a consacrée au vélo, sa passion de toujours. Le vélo dans ses trois principales épopées : la course à étapes avec le Tour de France, la classique d’un jour avec Paris-Roubaix et la piste avec les Six-Jours.

Ordre dispersé à l’issue de ce premier secteur, le groupe se reforme et relance sur les portions asphaltées qui s’intercalent. Viesly, Quiévy , Saint Python…3700m de secteurs classés quatres étoiles, le plus long du parcours, avec son final en faux plat montant.

Nous enchaînons ensuite par une nouveauté mise en avant par l’organisation. Le secteur de Viesly à Briastre : 3km de pavés 3 étoiles en légère descente. Je me rend vite compte que si monter relève de la gageure, descendre l’est tout autant. Car comment freiner sereinement lorsque vos roues se posent dans un pierrier. Mains sur les cocottes, doigts replier, déplier, les paumes se talent, les bras fléchissent, la tête s’irrite. Ne reste plus qu’à faire corps avec sa machine,… pour rouler … ou tomber.

L’homme et la machine sont soumis à rude épreuve. Sur les bords de la route, de nombreux concurrent exercent leurs compétences mécaniques. Dans Paris-Roubaix, savoir réparer est plus qu’ailleurs un gage de survie. Epargné jusque là, je fais confiance en ma bonne étoile. Secteur de Vertain,…puis Verchain Maugré,… 10 premiers secteurs qui ont déjà fait leur oeuvre. 29 en tout…

Nous approchons de Wallers, par le secteur d’Haveluy. Ici, le pavé est beau, saupoudré qu’il est d’une poussière qui tourbillonne à notre  passage. Nous sommes de plus en plus nombreux à quitter le sommet pour rejoindre les bas coté. Du sable, des graviers, des trous, des pierres. Si l’endroit n’est pas pavé, il n’en est pas pour autant exempt d’embûches. Une ombre flotte désormais sur le peloton. Celui du premier épouvantail du jour…. la trouée d’Arenberg … sa célèbre tranchée… 🙂

Car tout d’abord, il faut savoir que ce secteur pavé d’exception ne faisait pas initialement partit du tracé. C’est seulement en 1967 que la direction de Paris-Roubaix, s’inquiétant de voir progressivement disparaître les secteurs pavés qui font la spécificité de la course, cherche à en dénicher de nouveaux pour pimenter le jeu. Jean Stablinski et Edouard Delberghe, fier de leur vacherie, proposeront alors une tranchée forestière qui sera intégrée au parcours dès l’année suivante.

Ok, c’est bien beau tout ça mais en vraie, Arenberg, c’est quoi ?…. Et bien la trouée d’Arenberg c’est un scénario 5 étoiles de 2.4km dont la scène d’introduction serait, une fois le chemin de fer franchit, l’apprentissage de la nage par Pitivier dans la Septième Compagnie. Puis, pavés après pavés, cela prends une tournure plus sérieuse. Genre « Il faut sauver le Soldat Ryan » avec ses assauts meurtriers, ses violons et ses larmes de douleurs. Puis on redécouvre le bitume. C’est lisse, sa glisse, et on se souvient rapidement pourquoi nous l’aimons tant… Libération !

Pas de sixième sacre pour Tom Boonen, celui-ci restera à égalité avec les autres grands champions de la Légende. Oui, mais tes supporters, Tom, nous aurons aujourd’hui encouragés comme si nous étions PRO !!! 🙂 Rien que pour celà, merci.

…Paris-Roubaix c’est un jeu. Une alternance d’asphalte et de secteurs rustiques qui vous rappèle à l’âge d’Or du cyclisme. Une époque où les mots biomécanique, watts ou grammes étaient inconnus, une époque où l’on cherchait la liberté, l’aventure et où l’on adulait la persévérance un brin têtu plutôt qu’un professionnalisme toujours plus hermétique. On aimait les hommes, et les pavés, eux, aimaient les champions. De Roger De Vlaeminck à Eddy Merckx, de Bernard Hinault à Frédéric Guesdon. Mais aujourd’hui, la star c’était lui. Tom Boonen, coureur hors-norme, autant de part son palmarès que sa personalité. Une gueule qui aura quelque peu dépoussiéré un sport qui en manquait tant. Battu par plus fort, tu auras fait ta course. Et nous, dans le sillage de tes supporters amassés au bords des routes, la notre.

A mi-parcours, de très beaux passages de succèdent. Je relève la tête, secteur Marc Madiot à Beuvry la Forêt puis celui d’Orchies….Auchy-les Orchies. Les noms ne semblent pas avoir été choisis au hasard. Chemin des prières, chemin des abattoirs …. Si les jambes vont bien, il me devient de plus en plus difficile de tenir la trajectoire. Je me contente d’avancer laissant aux pavés le choix de la voie. Nous arrivons au long et réputé secteur de Mons-en-Pévèle. Les conditions météo, avec un vent léger de dos, sont favorables. Je n’ose pas imaginer si cela n’avait pas été le cas…ou pire, si il avait plu.

Nous sommes dans les 50 derniers kilomètres de la course. Le plus gros est maintenant derrière nous, à l’exception bien sûr du célèbre carrefour de l’arbre. La succession de secteurs court rend le finish beaucoup plus nerveux. Je commence à entrevoir le bout, et si j’ose dire, à trouver ma place sur ces pierres grossièrement taillées. Mérignies, Pont Thibault, Templeuve ! Les VTT et Fatbike se mêlent aux routiers démembrés. Surpris et fatigué, ce n’est qu’après l’arrivée que je me rendrai compte que la plupart de ces engins anachroniques s’étaient élancés sur le 145km ou sur le petit parcours. Mais il est toujours choquant pour le routier de se faire dépasser par des pneus plus gros que ses cuisses. Et après ? Si vous ne vous sentez pas capable de rouler sur les pavés avec un vélo de toute manière inadapté, optez pour le VTT ! Amusez-vous !

Cysoing, Bourghelles. Le ravitaillement a été réparateur. Il fait chaud pour un mois d’avril et l’hydratation n’a peut être pas été optimale. Pour moi, mais aussi pour les autres concurrents dont les visages commencent à trahir les premières marques de fatigue. Une ferme à l’entrée de Camphin-en-Pévelle. Un virage à gauche puis 1800 mètres de pavés agressifs toutefois adoucis par une fine pellicule de terre. Le secteur est magnifique, souvent décisif.  Les campeurs ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et sont descendus ici nombreux pour nous encourager.

Traversée de Camphin-en-Pévèle. Comment en tant que Stéphanois ne pas saluer le club et le formidable public du club Lillois. La ville abrite le siège du LOSC (domaine de Luchin). Et si Sainté a sa panther, Lille peut compter sur un dogue de bronze géant -2m44 de haut pour 500 kilos – Une belle emblème que le club lillois a posé le 16 juin 2011. dans la cour du Domaine de Luchin.

Deux kilomètres, deux kilomètre seulement avant le redouté carrefour de l’Arbre. Le troisième et dernier secteur chronométré de la journée. Sur le papier, le même degré de difficulté que la trouée d’Arenberg, mais la fatique en plus. Le début est infernal avec des pavés disjoints et mal plantés. J’essai de rester sur le pavé, craque, m’enfonce dans la rigole qui, bien que tentante, s’avère être un calvaire.  Des trous, des trous, et encore des trous pendant 2,1km. Je suis aussi cramé qu’après 3 ascensions du Ventoux. Mais j’ai le sourire. Les secteurs deux (Gruson) et un (Willems) ne seront qu’une formalité. J’irais au bout. Derniers pavés (de ville), dernière montée (mais pas d’attaque), une longue avenue roubaisienne (slalommée entre les voitures) et enfin, le Graal. Ce pour quoi tant de cyclistes amateurs et professionnels ont rêvé. L’arrivée, l’ARRIVEE sur le vélodrome. Pour un tour, un seul tour unique et incomplet. Un unique tour pourtant si beau.

Vélodrome André Pétrieux, pour une arrivée mythique

Je termine ma première participation en un peu plus de 7heures et 06 minutes. Avec une douloureuse conclusion. Je ne sais pas rouler… mais je l’ai fait. Et l’expérience n’en est que plus belle !!!

Paris-Roubaix, c’est quelque part entrer un peu dans la Légende…

 La légende 

 Les Secteurs Pavés 

170km dont 55km pavés, 29 secteurs dont trois chronométrés. Une édition 2017 sous le soleil et dans la poussière. Arenberg, le carrefour de l’arbre….la course est un défi physique autant que mental. Pour quelque part entrer aussi un peu dans la légende !


 Lille, Bruges et les autres 

Faire Paris-Roubaix, c’est aussi visiter Lille, Bruges ou encore les plages de Belgique (BSp@ce, le beau blog rando du fréro)


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