2023
07.18

Chapelle de la Bérarde, au cœur des Écrins

Finalement le B.R.A. n’était qu’un prétexte. Le plus agréable de ces quelques jours passés en Oisans étant certainement de pouvoir partager le moment entre frangins. Sur route terre et chemin. Arpenter sur deux roues ou en basket les montagnes qui nous vont si bien. Le faire sans stress ni objectif de performance, juste pour soi et pour se faire plaisir…

Nous avons ramené de tout cela un album bien sûr (accessible via la photo) mais aussi des souvenirs bien plus tenaces qui nous suivront lorsque, chacun de notre coté, nous évoquerons ces lieux. Le col loin du temps qu’est Solude, ces rampes vertigineuses et ses obscures tunnels où il est bien facile de perdre ses repères, sont village Notre-Dame, ses vues privilégiées sur les grandes Rousses et son Gravel si inspirant. Ce col que j’avais découvert en 2020, à l’issu du premier confinement m’avait donné une claque. Et à voir le grand sourire du frangin à son sommet, il venait de récidiver. Il y a des endroits bénis où le temps se fige. Solude est ce ceux là. Un endroit mythique. Que les initiés chérissent.

Après le Sabot, nous voici tout en haut d’un autre Sublime de l’Oisans

Et puis au lendemain du B.R.A., ce besoin de récupérer, d’oublier un peu le vélo. Il y avait tant à faire dans les alentours d’Oz et le magicien ne manquait pas d’idée. Après une randonnée remarquable effectuée la veille (Grande Rousse), il me proposait une marche alimentée de noix de cajou. L’idée était bonne. Et les noix aussi. Nous descendîmes donc d’un bon pourcentage attirés que nous étions par le bleu si particulier du barrage du Verney, puis entamâmes la belle ascension en sous-bois que nous promettait la Grande Sure. Il faisait chaud. Et les bidons se vidaient. La fontaine de Poutran nous appela alors à elle, mais il ne faisait nul doute que celle-ci ne devait pas avoir vu d’eau depuis un bien long moment. Passé le coup de la déception, nous choisîmes de quitter la belle montagne. L’appel du vélo revenait au pas de charge, et c’est d’un tour du barrage et de la belle montée d’Oz que nous étanchâmes notre soif. #âmefrère

S’il faisait chaud aujourd’hui sur les hauteurs de l’Oisans, la montagne n’en était que plus calme…

Au pied de la résidence, après une belle montée d’Oz

Et puis il y eut alors même que ce n’était pas prévu, le clou du spectacle. Le dernier jour, une petite sortie vélo avant de reprendre la route ? Quoi faire? Je me souvenais avoir vu un jour sur la carte une petite route sans issue qui fuyait à travers les montagnes. Cette route porte un nom. Celui de la Bérarde. Un haut lieu de l’alpinisme et de la randonnée paraît-il. Une consultation internet plus tard, rien ne semble contredire à cette idée. La route paraît belle, praticable. 30 kilomètres, un effort long mais régulier. Nous avons tout les deux les jambes. Nous tacherons d’y arriver. Le pique-nique est dans le sac, il ne reste plus qu’à pédaler. D’abord rejoindre le pied du col, via la belle piste cyclable découverte dimanche. Mise en jambe parfaite, pour s’échauffer et assouplir les muscles. Je me sens bien !

Cette fois-ci nous y sommes et n’avons pas grand chose à signaler jusqu’à Vénosc du moins. Continuer jusqu’à Bourg d’Arud. La traversée du Bourg d’Arud se fait avec une nouvelle descente puis la pente reprend ses droits, 5% pour commencer. À la sortie du Bourg d’Arud, on traverse un pont pour commencer à gravir une énorme masse rocheuse. Un lacet, la voie se resserre, des sapins à gauche et une paroi rocheuse à droite bordent les côtés, je sens qu’on attaque ce type de route propre à la haute montagne. Le clinomètre indique 6% mais plus pour longtemps, la route prend une courbe à droite et on encaisse d’un seul coup une grosse rupture de pente. Ouch, tout à gauche et c’est parti pour 1,5 km à près de 10% de moyenne !

Puis la déclivité fléchit enfin pour passer à 4%. Le relâchement est d’autant plus plaisant qu’on se prend une jolie claque en apercevant droit devant le sommet d’un blanc immaculé de la Tête des Fétoules (3459 m). La suite est sympa, on atterrit au Plan du Lac (1171 m). La vallée est à nouveau très large, le Vénéon en profite pour s’étaler et coule toujours aussi vivement teinté d’une blancheur laiteuse. Un barrage retient en partie ses eaux.

Spectacle pour amateur de joies en eaux vives

La route replate encore un peu plus sur 2,4 km à 1,5%. J’apprécie ce répit et profite de l’environnement, grandiose… et là, nouvelle claque ! J’aperçois sur ma droite la route perchée à flanc de falaise près de… 150 mètres plus haut, l’effet est saisissant ! Je m’inquiète un peu du nouveau morceau à avaler… je dépasse un camping destiné aux spécialistes des sports en eau vive qui peuvent profiter du déchaînement du Vénéon à cet endroit car la vallée se resserre à nouveau. Une épingle à gauche et j’entame un nouvel effort : 2,5 km à 10% de moyenne. Ça passe bien, même très bien ! J’éprouve un énorme plaisir à grimper cette route incroyable et le fait de prendre de la hauteur permet d’avoir de belles images sur la vallée que l’on peut voir dans l’autre sens !

Une série d’épingles, absolument magiques !!!

La pente est à 9% mais la magie du lieu, la vue des lacets en dessous et du Vénéon encore plus bas font que je ne ressens pas l’effort. Deux petites épingles permettent de contourner la paroi rocheuse puis on franchit le Pont du Diable. J’ose à peine regarder par-dessus le pont, le gouffre est vertigineux ! Encore une petite épingle, costaude celle-là dans les 11%, permet de se hisser à St-Christophe-en-Oisans appelé la Ville qui est le principal bourg d’une commune – 134 habitants – qui occupe 1/5ème de la superficie du Massif des Écrins !

toute la montée ici www.bosses21.com

 

A partir d’ici, c’est un petit miracle qui opère. La pente, moins raide, laissant tout le loisir d’apprécier les pourcentages fabuleux qui s’offrent à nous. Tout y est. De la vallée profonde aux cimes encore  enneigées. Du fracas des cascades à la légèreté des herbes ondulant sous le vent. Des passages d’avalanches signalés au calme apparent des lieux. Sans nous en rendre de compte, nous avons sensiblement levé le pied. Nous avions peur. Peur que ce petit miracle qui prenait forme sous nos yeux ne s’évapore. Un moment d’une intensité rare, dont l’apogée se trouve au bout de la route. Au bout de ce monde, niché dans le creux des Écrins. Et c’est dans ce cadre que nous mangerons. Jamais un sandwich n’aura été aussi bon. Jamais une glace proposée par le frangin n’aura été aussi savoureuse. Les minutes passaient et nous nous ancrions au cœur de ces paysages grandioses.

Un final grandiose au milieu des montagnes

Cela valait bien une petite glace !

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